Comme chaque année, Trans Musicales et Bars en Trans s’entremêlent à Rennes pendant quelques jours. Avec cet amour en commun : l’émergence musicale. On fait le récap de nos meilleurs concerts.
JOUR 1
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Kate Tempest @ Parc Expo
Bien plus qu’un concert, c’est une véritable rencontre avec la nouvelle sensation du hip-hop britannique qui a eu lieu hier soir, vers 23h, dans le Hall 3 du Parc Expo. Anciennement membre du collectif Sound Of Run, Kate Tempest était annoncée comme la rappeuse et poète du festival, et force est de constater que l’impétueuse anglaise a fait le taff. Une énergie incroyable, un flow incisif et des textes à la violence insidieuse : l’artiste d’à peine 28 ans a littéralement emportée son public, qui n’a d’ailleurs eu de cesse de s’étoffer au fil du concert, happé par l’écho d’un hip-hop sans concession, que la belle a su faire résonner dans la salle.
C. P.
Clarens @ Parc Expo
C’est le petit dernier de la bande à Yuksek, tout droit sorti des Rennais de Juveniles. Ousseynou Cissé, avec son projet Clarens, joue donc à domicile pour le premier soir des Trans Musicales 2014. Mais sa tête est ailleurs : on ne sait pas si c’est à l’Angleterre de James Blake ou à l’Amérique de Washed Out que le jeune Français doit cette façon de poser sa voix dans l’air, mais déjà les frontières s’estompent entre r’n’b vaporeux et soul un peu chill, un peu wave. Le garçon a du style, la mise en scène est sobre et pensée (deux musiciens derrière des modules noirs). Sa voix est douce : parfait pour attaquer, au calme, les longues soirées dans les énormes halls du festival. M. de A.
Las Aves @ Bar Hic
Trépignant d’impatience au comptoir du Bar Hic, on attend le top départ pour commander notre premier godet et inaugurer le festival des Bars en Trans. Ce sont les Toulousains Las Aves (ex-The Dodoz) qui endossent la rude tâche de couper le fil rouge dès 18h sur un parquet qui colle encore un peu de la veille. Derrière ce pseudonyme transpirant le soleil de Valparaiso et les empanadas, on découvre une pop sans chichi qui ne souhaite qu’une chose : la quille ! Accompagnée d’un solide trio de musiciens, la chanteuse Géraldine a adopté un look briton (cheveux décolorés et survet de foot Adidas) habilement dépareillé de son timbre aiguë de poupée et lui donnant des faux airs de diva Saint-Etienne. A peine sorti de l’œuf, Las Aves a déjà rejoint l’équipe du label Cinq7 sous les bons conseils de leur « entraineur » Dan Levy de The Do : on leur promet une belle année 2015 ! A. A.
Curtis Harding @ Parc Expo
22h30 : Curtis Harding et sa bande entrent sur la grande scène du Hall 8 et parviennent à réchauffer le public de ce hangar, à l’immensité sans commune mesure, dès les premiers accords de guitare. Tout de noir vêtu, lunettes de soleil sur le nez, ce grand complice des Black Lips a clairement une allure de star et offre au public rennais un vrai show à l’Américaine, parfaitement millimétré et au groove implacable. Bien loin du petit artiste découverte, ce beau mec bercé par les chants gospel d’une mère évangéliste connaît son métier et enchaîne les morceaux avec autant d’aisance que de sensualité. Après 20 min de concert, dans le public des fans – car il y en a – réclame Keep On Shining, et c’est sur ce mini-tube de rhtym’n’blues vintage et entêtant que le soulman conclut son show et salue un public plus bouillant que jamais. C. P.
Radio Elvis et Baptiste W Hamon @ Bar La Place
Les deux oiseaux chéris de l’inRocKs lab se partagent la scène du bar de la Place devant un parterre de professionnels de la musique qui ferait rougir les plus grands. Et si le rock têtu de Radio Elvis gagne en assurance et en maturité, le nouvel ambassadeur de la country française, Baptiste W Hamon, réussit à faire embarquer son public à bord d’un bateau à vapeur rassemblant classiques de Johnny Cash et balades redneck. A. A.
Bison Bisou @ L’Etage
Et sinon, le chanteur de Bison Bisou est aussi rédacteur en chef d’une revue érotique. Son titre ? Han Han. Sur scène, Charly Lazer fait effectivement le sexe avec les guitares, fait cracher les amplis, gesticule comme un malade jamais rassasié. Avec sa bande, il maltraite le rock français sans pitié pour les mélodies, avec même un certain vice. Ça se passe en fin d’après-midi dans le centre-ville de Rennes : les Trans commencent doucement, mais déjà on sent monter la chaleur. M. de A.
Gaspard Royant @ Bar Kenland
Comment ne pas tomber sous le charme de ce jeune crooner aux cheveux gominés réussissant la prouesse de porter un costume blanc sans avoir l’air d’une tarte à la crème ? Télétransportant le public du bar du Kenland dans les années 50, Gaspard Royant fait swinguer sur des airs doo-wop. Impossible d’arrêter la danse endiablée de ce Marty McFly rhônalpin : le voilà qui s’accroche aux décorations de Noël puis au comptoir, faisant trembler les barmaids. Hors du temps, des conventions, et des modes musicales : Gaspard détonne et c’est tant mieux. A. A.
JOUR 2
Cosmo Sheldrake @ Parc Expo
Le voici, le voilà, le grand coup de cœur des Trans devant l’éternel et il a eu lieu hier soir vers minuit avec Cosmo Sheldrake. Peu connu (mais pas pour longtemps), c’est une vraie claque que nous a filé ce prodige britannique à l’allure de Hobbit déluré et âgé d’à peine 24 ans. Il serait aisé de croire que ce sont les effluves de weed qui planaient au dessus du public – tel un nuage enchanteur – qui nous ont séduit, mais ce serait sans compter sur le talent indéniable de cet homme orchestre 2.0. Jonglant avec une aisance déconcertante entre accordéon, banjo et sousaphone, cet équilibriste du son nous a offert 1h de concert des plus planants, et même pas besoin de ganja pour cela. D’une intelligence folle, la musique de Cosmo Sheldrake mélange tout sans rien oublier, entre electro, hip-hop, folk et ragga – mais tenter de genrer ce maestro de la composition serait insultant, et il y avait bien trop d’amour hier dans le hall 3 pour se permettre de le faire ! C. P.
Agua Roja @ Bar Le Dejazey
Repérés très tôt sur le lab, il nous aura fallu du temps pour voir en concert les Parisiens d’Agua Roja, et quelle belle bourde d’avoir attendu ! Sans conteste, la révélation pop de cette 12è édition des Bars en Trans : on reste scotché par la voix de velours de sa chanteuse Mélanie et par des mélodies croisant surf music et drama rock. Pas d’accent frenchy ni de répliques à trois syllabes dignes d’un teenage movie US : et oui, Mélanie est traductrice professionnelle et ça s’entend pour le bonheur de nos oreilles ! Cerise sur le gâteau : une reprise méconnaissable de Calvin Harris (Blame) : réduite à son plus simple appareil et avec une voilette noire sur le front. A. A.
Verveine @ L’Ubu
Ce fut une fantastique surprise : Verveine, avec son nom de tisane (elle joue d’ailleurs l’après-midi, à l’heure du thé), a ensorcelé le public avec ses bidouillages de machines et sa voix puissante. Elle est seule à sa table de travail. Sur celle-ci, il y a de quoi bricoler des sons métalliques et froids, des beats lourds qui se perdent, de longues plages aériennes – elle commence le concert comme ça, dans un labyrinthe sombre et deep, avant de lâcher doucement quelques mélodies, qui finissent de réveiller ceux qui pensaient, en ricanant : « Verveine, on va bien dormir ». On suivra de près cette Suissesse déjà passionnante, sorte de La Roux en version de luxe. M. de A.
Rone @ Parc Expo
Le Hall 9 du Parc Expo, ses 5000m² et ses milliers de festivaliers qui n’ont pas bu que de l’eau. Et puis au bout, du haut de son installation scénique, Rone et son péplum cosmique impressionnant. Petit aperçu dans la vidéo ci-dessous. M. de A.
https://www.youtube.com/watch?v=NmhqyMUeAL8
Baston @ Bar L’Assoiffé
Le trio garage finistérien squatte le temps d’une averse le minuscule bar de l’Assoiffé, rempli à craquer et débordant même sur la chaussée. La batterie du mini tube Falkland fait rapidement sauter les plombs et le bar reste plongé quelques minutes dans la nuit noire, suintant la bière tiède et la transpiration. Entre réverbérations, distorsions, échos et batterie bien vénère, les concerts de Baston sont parfaits pour délivrer quelques bourrades à votre voisin, l’air de rien. A. A.
Pablo Nouvelle @ L’Ubu
« Et moi, comment je m’appelle ? » Pablo Nouvelle ! Comme galvanisé par la salle comble de l’Ubu, le dénommé Fabio Friedli se laisse emporter par sa fougue et prie le public de scander son nom. Vu comme ça, ce n’est pas la modestie qui l’étouffe, mais détrompez-vous : c’est en toute simplicité et avec beaucoup d’élégance que le Bernois a invité la salle à le rejoindre dans son univers électro-pop subtilement teinté de soul et de hip-hop. Accompagné physiquement de deux musiciens – dont un bassiste à la voix incroyable – ce sont les samples de voix féminines, résonant telles des nymphes charmeuses, qui font du projet Pablo Nouvelle un alliage organique aussi surprenant que fascinant. C. P.
Beny le Brownies et Sianna @ Bar du Backstage
Rassemblées sur la même scène, les deux révélations rap des Bars en Trans 2014 s’enchainent mais ne se ressemblent pas. Ouvrant le bal, la slow-touch de l’Annécien Beny Le Brownies – fraichement diplômé par notre inRocKs lab académie et adoubé par Christine & The Queens (qui l’a programmé récemment en première partie) – prend en maturité et en puissance. S’en suit un show rudement bien mené par Sianna, petit bout de femme de seulement 19 ans et originaire du bastion de Ryanair : Beauvais. Ni moralisateur, ni gangsta (et encore moins putassier), son flow gonflé de bonne humeur surprend par sa maturité. Accompagné par DJ Last One (officiant aussi chez un certain Maitre Gims) et par un chic type au flow flamboyant : Fanko, Sianna s’en va redorer le maillot tricolore du hip-hop féminin. Cocorico ! A. A.
JOUR 3
Wife @ L’Ubu
Comme avec Verveine la veille : grand moment à l’Ubu. Et c’est drôle, car Wife partage avec la Suissesse le goût de l’expérimentation, l’idée d’être seul sur scène avec ses machines, le courage de regarder l’avenir de la pop en face. Sur ses beats ravageurs que seul un vent ambient vient calmer, Wife pose une voix de fantôme portée doucement par des mélodies évasives, n’étant jamais dans la démonstration de puissance mais toujours dans la finesse des modulations. Il faudra suivre cet Irlandais de près : il fera bientôt partie des prodiges de cette nouvelle grande famille de soul robotique, que James Blake a lancé sans le savoir et que nombre de vingtenaires s’empressent désormais de rejoindre. Cérébral, délicat, splendide : Wife est dans le futur. M. de A.
The Slow Sliders @ L’Etage
« Le bordel, on va foutre le bordel à l’Etage, lô ! ». C’est avec un accent breton des plus prononcés et #nofilter que Victor, le chanteur des The Slow Sliders, introduit sa bande à une fosse indubitablement bondée. Coloc dans la vie, ce quatuor Brestois joue de cette allure de groupe de rock indé du genre débraillé, parfaitement taillé pour une soirée ambiance bière et sueur. Pourtant, dès les premiers accords, bien au-delà du rock pur et volubile, le groupe nous offre en sus une pop impertinente et ingénieuse, dynamisée par leur énergie insouciante et sublimée par la voix aussi surprenante que délicate du chanteur. C. P.
La scène Green Room @ Parc Expo
En marge des gigantesques halls où défilent les stars de l’electro en devenir – et pas forcément les meilleures -, il y a une scène qui met au cœur des Trans un esprit de club intimiste : la Green Room. Depuis jeudi, y ont défilé Andre Bratten, Joy Squander ou encore Dollkraut, qu’on aperçoit en fin de set dans la vidéo d’ambiance ci-dessous. M. de A.
https://www.youtube.com/watch?v=j7CoCb3Dpts
Ponctuation @ Bar L’Artiste assoiffé
En pleine tournée française, les Québécois de Ponctuation ont fait un détour par Rennes pour secouer comme il se doit les Bars en Trans avec leur rock garage et lo-fi. C’est dans un des rades les plus petits de la ville mais pas des moins accueillants que se sont distingués les deux fréros avec leur formation simple (guitare – batterie) mais efficace. Qui aurait cru que le grunge crado et underground pouvait aussi bien sonner dans la langue de Molière ? Et pour prolonger le plaisir, on se donne RDV au nouveau rade rennais de poutine (plat national du Québec) : le PoutineBros, ce qui nous évitera au passage de citer l’éternel cliché de la galette s*******. A. A.
Flavien Berger @ Bar Le Chantier
2013 avait Salut C’est Cool. 2014 a son Flavien Berger. C’est sous son chapeau de Zorro et sa chemise à carreaux que le jeune musicien weirdo prend timidement les platines en main, sans transition après un set un « chouïa » décevant du Suisse Buvette. Fidèle à lui-même, il allume son orchestre électronique et entonne des chansons aux paroles naïves et un poil fleur bleue. Bourrées de second degré (sans même le savoir), ses mélodies construites en 100% synthétique sur ordinateur le font passer pour un fils illégitime de Kraftwerk et de Brigitte Fontaine. Le public se laisse complètement porter par le flow de cet ovni raëlien et en redemande à plusieurs reprises, recevant en offrande une version revisitée de son fameux Mars Balnéaire. Flavien Berger ou l’ovni des Bars en Trans qu’on inviterait volontiers pour animer la prochaine Bat Mitzvah. A. A.
Lizzo @ Parc Expo
Ceux qui ne lisent pas les programmes dans les détails auront loupé cette information capitale : la fille rêvée de Queen Latifah et sœur spirituelle de Missy Eliott donnait un concert hier soir dans le hall 8. Elle s’appelle Lizzo, elle est âgée de 26 ans et à 1h hier soir, elle a réussi l’exploit de faire twerker un Rennais sur scène, boule contre boule, devant une foule survoltée incapable elle-même de contrôler son propre bassin. Un flow décapant, une énergie sur-communicative et surtout un charisme de diva : en à peine 45 min de concert, Lizzo nous a permis de comprendre pourquoi le Time en a fait le « nouveau talent à surveiller ». C. P.
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