[Track of confinement] Chaque jour, pour survivre au confinement lié à l’épidémie de coronavirus, Les Inrocks vous replongent dans l’un de leurs morceaux préférés. Aujourd’hui, le retour du slow.
#OnResteOuvert : Fermons nos portes, pas nos esprits !
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En 1988, deux stars adolescentes marchent sur la plage, font du vélo, nagent dans une piscine et chantent en studio dans un gros micro. Les deux stars, c’est Glenn Medeiros (aucun lien de parenté avec Elli) et Elsa (qui, elle, est bien la nièce de Marlène Jobert), et Un roman d’amitié remporte haut la main le titre de slow de l’été en cette année où les amours estivales sont incarnées par Sabrina et son Boys (Summertime Love). Près de trente ans plus tard, la discipline a disparu des programmes musicaux, les adolescents ayant depuis renoncé à se coller les uns aux autres pour tourner en rond en quête d’aventure quand, en juin 2019, paraît le Summer Slow 88 de Le Noiseur.
Cette tentative, disons-le d’emblée réussie, de réhabilitation d’un genre tombé en désuétude ne surprend guère puisqu’elle est l’œuvre de Simon Campocasso mieux connu sous l’alias Le Noiseur. Le Normand a toujours su conjuguer depuis ses premiers morceaux en 2014, nostalgie et mélancolie sans pour autant verser dans le passéisme ou le pastiche. Autre marque de fabrique chez Le Noiseur, une touche de sensualité élégante comme en témoignent Du bout des lèvres, titre de son premier album, ou Musique de chambre, celui de l’ep dont est extrait Summer Slow 88 et sur lequel figure aussi un hommage tout en finesse à Françoise Sagan, Aston Morphine.
“T’es belle en super huit, t’es belle sur tous les plans/Tu veux du slow motion, je crois qu’on se comprend”, susurre-t-il ici, développant un goût de la photographie et du cinématrographe déjà révélé par son 24×36 (“Quand tu t’agites / Et que mes doigts glissent / Vers l’objectif / Je suis au Zénith / Rien de négatif”). Cette manière de creuser un même champ lexical et de filer la métaphore évoque bien sûr irrésistiblement Serge Gainsbourg, impression confortée par le recours au parlé-chanté dont le maître a toujours été coutumier mais qui peut mener jusque chez Baxter Dury pour son art de s’appuyer sur une voix féminine pour faire une salutation désabusée au soleil.
>> Lire aussi Notre chronique de l’album Du bout des lèvres en 2015
Mais l’évocation de l’attirance physique (et “sans issue” chez Gainsbourg) ne serait rien sans le romantisme nouvelle manière que Le Noiseur instille dans son univers (“J’irais à N-Y pour te ramener un grec” ou, plus loin, “81 bpm pour te dire je t’aime”). Alors que nul·le ne sait encore de quoi son été sera fait, pourquoi ne pas se lover au creux de cette mélodie suave et surannée et répondre à l’invitation du Noiseur : “Summer Slow 88 écoute ce hit / Summer Slow en mode repeat / Danse, danse, j’t’invite” ? Une invite à adhérer de nouveau aux accords du slow et pour que ce sentiment en nous de tourner en rond redevienne fécond. Alors, on danse ?
Retrouvez les épisodes précédents de la série
>> Track of confinement #21 : “Le Soleil est près de moi”, de Air
>> Track of confinement #22 : “Ghost Town”, de The Specials
>> Track of confinement #23 : “I Am The Resurrection”, de The Stone Roses
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