[Track of confinement] Chaque jour, pour survivre au confinement lié à l’épidémie de coronavirus, Les Inrocks vous replongent dans l’un de leurs morceaux préférés. Aujourd’hui, “The Watcher”, de Dr. Dre.
#OnResteOuvert : Fermons nos portes, pas nos esprits !
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Classic shit ! Et le temps n’a rien à voir là-dedans, le 2001 de Dre en était un instantané. Claqué en novembre 1999, le deuxième album du kid de Compton est une odyssée dans un Los Angeles lubrique et dangereux, quadrillé par des lowriders rebondissantes. Après une intro reprenant le gimmick-son du label “THX” de LucasFilm – façon de rappeler que Dre est à l’innovation musicale ce que George Lucas est au cinoche –, il enchaîne avec The Watcher et son premier vers détonant, qui met directos les choses au clair : “Things just ain’t the same for gangstas”.
Street Is Watching
On rembobine rapidement, l’histoire étant aussi fameuse que le Double-Double de chez In-N-Out Burger. 1988, Dre et sa clique de NWA débarquent avec Straight Outta Compton, un album qui posera les bases du gangsta rap. Plus de dix ans plus tard, il rappelle à la fin de The Watcher le rôle prépondérant qu’il a eu sur le rap US (et l’industrie par la même occasion) : “Nigga, we started this gangsta shit / And this the motherfuckin’ thanks I get ?”, avant de se remettre dans les baskets du démiurge qu’il est, et de contempler son œuvre chaotique du sommet de ses hills hollywoodiennes : “It’s funny how time flies / I’m just having fun just watchin’ it fly by”.
>>> A lire aussi : Comment Dr. Dre a poussé sa recette musicale à son paroxysme avec “2001”
Sept ans après la sortie de The Chronic, son premier disque studio, Dre prend acte du bouleversement de la géopolitique du rap et, comme un écho au Street Is Watching de Jay-Z, et se pose en survivant d’un game qui a laissé sur le carreau un paquet de gars dans un morceau un peu méta (comme c’est souvent le cas dans le rap). Contemplateur, Dre raconte son échappée du hood et lève son majeur à la face de ceux qui lui reprochent de ne pas être un vrai : “I moved out of the hood for good, you blame me ? / Niggas aim mainly at niggas they can’t be / But niggas can’t hit niggas they can’t see / I’m out of sight, now I’m out of they dang reach”, puis rappelle au passage : “I ain’t a thug, how much 2Pac in you you got ?”.
The Watcher, c’est la place de l’entertainer, pas celle de celui qui arrose le gang d’en face dans un drive-by shooting. Et ce n’est pas la somme des ghostwriters qui se cachent derrière les lyrics de ce grand disque qui nous fera dire le contraire. Tout ceci n’est qu’un jeu.
Retrouvez les épisodes précédents de la série :
>> Track of confinement #20 : “Chick Habit”, d’April March
>> Track of confinement #21 : “Le Soleil est près de moi”, de Air
>> Track of confinement #22 : “Ghost Town”, de The Specials
>> Track of confinement #23 : “I Am The Resurrection”, de The Stone Roses
>> Track of confinement #24 : ““Déjà vu” de Beyoncé
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