[Track of confinement] Chaque jour, pour survivre au confinement lié à l’épidémie de coronavirus, Les Inrocks vous replongent dans l’un de leurs morceaux préférés. Aujourd’hui, un double hommage à Christophe et Alan Vega.
#OnResteOuvert : Fermons nos portes, pas nos esprits !
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Au début, on avait pensé à une blague autour du groupe Pulp et des supermarchés. On aurait raconté l’histoire de Common People et de l’album Different Class – sorti en 1995 -, en évoquant les héros du quotidien, planqués derrière les vitres en plexiglas de votre Franprix. Avec, à la clef, une analyse vaseuse et vaguement gauchiste sur la vraie valeur du travail, et une invective : “et maintenant, qui sont ceux qui ne sont rien, monsieur Macron ?” – Et puis Christophe a passé l’arme à gauche. De ce cataclysme a émergé l’idée de réunir, dans ce track of confinement du jour, deux passions du dernier des Bevilacqua : les jukebox et Alan Vega. Jukebox Babe, fellas !
« I know you, but you don’t know me”
1977, Suicide, duo formé par Alan Vega et Martin Rev, dévoile un premier album primal, minimal et électronique qui laissera à jamais une balafre sur le visage de l’underground new-yorkais. Comme si Elvis Presley était tombé sur une boîte à rythme dans les studios de Sam Phillips. Quatre ans plus tard, en 1981, Vega la joue free rider et sort chez Zé Records, le label made in New York du Français Michel Esteban, Alan Vega, un disque solo dont la première plage résume à elle seule toute l’histoire du rock’n’roll : Jukebox Babe. Cette fois, les références punk et métalliques au King de Suicide deviennent plus littérales et font écho à All Shook Up. Un All Shook Up oui, mais drogué, né dans le dénuement des paysages délabrés de la no wave.
Fan d’Elvis, admirateur de Suicide, collectionneur de jukebox et de vieux 78-tours, on ne pouvait pas manquer l’occasion de rendre un hommage à Christophe aujourd’hui par l’entremise de ce morceau. Il collaborera avec Alan Vega au mitan des années 90, avant de reprendre cette pièce inachevée qu’est Tangerine sur l’album Les vestiges du Chaos (2016), dont l’écriture et la composition avaient débuté dix ans plus tôt. La première rencontre de ces deux noctambules a d’ailleurs été immortalisée par le réalisateur Hugues Peyret, dans un documentaire de 1998 intitulé Autour de Vega.
On y croise ce bon vieux Christophe agité dans son studio parisien, baragouinant quelques mots d’anglais et tenter de faire comprendre au New-Yorkais le sens donné au mot “variété”. On y voit aussi un Alan Vega impressionné par la chaise de travail du Français, véritable cockpit surmontée de haut-parleurs. La légende raconte qu’il finiront la soirée autour d’une partie de poker, énième passion de Christophe. Autre instant Kodak, le moment où ce dernier, allumant quelques bougies pour tamiser la pièce, lâche à son idole d’outre-Atlantique : “Because, I know you, but you don’t know me – I know you very well”.
Retrouvez les épisodes précédents de la série
>> Track of confinement #23 : “I Am The Resurrection”, de The Stone Roses
>> Track of confinement #24 : ““Déjà vu” de Beyoncé
>> Track of confinement #25 : “The Watcher”, de Dr. Dre
>> Track of confinement #26 : “Summer Slow 88”, de Le Noiseur
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