[Track of confinement] Chaque jour, pour survivre au confinement lié à l’épidémie de coronavirus, Les Inrocks vous replongent dans l’un de leurs morceaux préférés. En ce dimanche de Pâques, célébrons la résurrection.
#OnResteOuvert : Fermons nos portes, pas nos esprits !
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Nul besoin de vous faire un dessin, le choix du Déjà vu de Beyoncé est bien entendu dû à son titre qui entre en écho avec notre nouvelle réalité extra-répétitive. Une sorte de pendant musical au film Un jour sans fin dans lequel Bill Murray revit une seule et même journée dite « de la marmotte » avec à la clé une belle histoire d’amour avec la sublime Andie MacDowell. Cela dit, Déjà vu propose une retranscription du sentiment d’attaches amoureuse et sexuelle qui ne peut qu’entrer, lui aussi, en écho avec notre nouvelle réalité, très solitaire pour certain.es. À quel moment va-t-on commencer à se taper la tête contre le mur en espérant faire apparaître l’être aimé ?
Dès l’intro, sur laquelle Beyoncé demande une ligne de basse puis un hi-hat puis un 808 avant d’entamer une forme d’échauffement dialogué avec Jay Z (en featuring sur le morceau), la sensualité nous assomme. Le clip est de la même teneur : l’ouverture se fait sur la nuque de Beyoncé ruisselante d’eau/de sueur, avant que son poing ne vienne marteler le rythme dans les airs. Calé dans son fauteuil, Jay Z la regarde du coin de l’œil. Sur Déjà vu, Beyoncé déclare sa flamme : “Baby, où que j’aille je te vois/En voyant tes yeux, je souris/C’est comme si je te respirais/Je me remémore, désespérément/Je ne veux comparer personne à toi. Mec, j’essaye de me retenir mais je suis hors de contrôle/Ta sensualité est si attirante que je ne peux m’en passer.” Et puis, bien sûr, le refrain en forme de climax : “Je sais que je ne peux pas tourner la page/Puisque tout ce que je vois c’est toi/Je ne veux pas de substitut/Baby je te jure c’est du « déjà vu ».”
Dans le clip, l’ex-Destiny’s Child se déchaîne en chorégraphies. Un montage hyper cut calqué sur la rythmique du morceau accentuant l’impression de tension maximale, d’accélération. À travers la danse, Beyoncé exprime la folie résultant d’un désir inassouvi pour l’être aimé disparu mais aussi la reconquête de soi pour ne pas sombrer, justement, dans cette folie. La Beyoncé blessée est loin de se morfondre dans son lit. Plutôt du genre à transpirer sur le dancefloor.
La douleur amoureuse
Présent sur son deuxième album solo, B’Day, sorti en 2006, Déjà vu pourrait être le pendant de son premier énorme tube solo Crazy in Love, paru en 2003 sur l’album Dangerously in Love. Les morceaux sont construits de la même manière, et partagent cette même rythmique dingue qui évoque outre les danses lascives, l’acte sexuel en lui-même. En sus de nous prouver la maîtrise chorégraphie d’une Beyoncé déjà hors normes, Crazy in Love et Déjà Vu réunissent tous deux le couple-star pour un duo totalement caricatural : Jay Z, imperturbable, rappe pendant que Beyoncé se trémousse autour de lui, cherchant désespérément à attirer son attention. Ou peut-être n’est-ce que la transcription imagée de la douleur amoureuse, lorsque l’Autre s’est détaché…
Pus loin sur l’album B’Day, Irreplaceable offre une balade amoureuse avec guitare sèche et vocalises mièvres. Mais, contrairement à Déjà vu, Beyoncé s’est remise d’aplomb. Plus question de chercher l’attention à coups de chorégraphies 100 % sueur, place au flegme rancunier : “Tu ne dois pas me connaître/Je pourrai avoir un autre toi en une minute/A vrai dire, il sera là dans une minute, baby/Donc ne pense pas un instant que tu es irremplaçable.” Ça a le mérite d’être clair.
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