[Track of confinement] Chaque jour, pour survivre au confinement lié à l’épidémie de coronavirus, Les Inrocks vous replongent dans l’un de leurs morceaux préférés. Aujourd’hui, on part (virtuellement) se protéger à Bristol.
#OnResteOuvert : Fermons nos portes, pas nos esprits !
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Au tout début des années 1990, le trio issu du collectif The Wild Bunch (“La Horde sauvage” en VF) se voit réduit de moitié. Pour cause de guerre du Golfe et de Tempête du désert, il sera brièvement rebaptisé Massive, son nom complet étant jugé trop belliqueux. En 1994, le groupe de Bristol joue donc la carte de l’oxymore et c’est un Massive Attack retrouvé qui publie Protection et puisque, paraît-il, nous sommes en guerre, le titre éponyme nous ouvre aujourd’hui grand ses bras en ces temps de cocooning obligatoire.
Protection ouvre donc ce deuxième album et démontre le sens de l’attaque intact de Massive. En ouverture de Blue Lines (1991), c’était le somptueux Safe from Harm qui nous invitait en majesté à nous immerger dans leur univers cotonneux. En 1998, sur leur grand œuvre au noir Mezzanine, c’est l’envoûtant Angel qui nous invitait à entamer cette troisième odyssée, à la fois étouffante et réconfortante.
Autre identité remarquable du groupe : son sens de l’hospitalité et son goût parfait dans le choix de ses hôtes. Sur Safe from Harm, c’est la voix céleste de Shara Nelson (qui enlumine aussi le fort successful Unfinished Sympathy) qui met son cœur à l’ouvrage. Plus discret est le Stratus du batteur fusionnel (notamment au sein du Mahavishnu Orchestra) Billy Cobham, dont un sample architecture l’ensemble. Pour Angel, ce sera le timbre androgyne et séraphique du vétéran jamaïcain Horace Andy (déjà croisé, entre autres, sur One Love qui échantillonne You Know, You Know du, on y revient, Mahavishnu Orchestra) qui permet à Mezzanine de prendre son envol.
L’une des voix les plus troublantes et mélancoliques de la pop britannique, celle de Tracey Thorn
Protection, quant à elle, se voit honorée par la présence d’une des voix les plus troublantes et mélancoliques de la pop britannique, celle de Tracey Thorn, moitié de Ben Watt à la ville mais aussi du duo culte qu’elle forme avec le même depuis 1982 : Everything But The Girl. Et l’alchimie s’avère parfaite.
L’hydre à trois têtes Massive Attack y développe sa science du dub électronique subtilement rehaussé (comme sur Unfinished Sympathy) de discrètes mais indispensables notes de piano au-dessus desquelles plane très haut l’incomparable présence vocale de Tracey Thorn. De quoi se laisser couler avec eux comme on plongerait dans un fumant bain moussant, tout en rêvant à de Better Things, autre titre de l’album auquel la chanteuse d’Everything But The Girl prête son concours avec brio, et de jours meilleurs.
Retrouvez les épisodes précédents de la série :
>> Track of confinement #11 : “Murder Most Foul”, de Bob Dylan
>> Track of confinement #13 : “Qu’est-ce que je peux faire”, d’Anna Karina et Katerine
>> Track of confinement #14 : “Generation Why”, de Weyes Blood
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