[Track of confinement] Chaque jour, pour survivre au confinement lié à l’épidémie de coronavirus, Les Inrocks vous replongent dans l’un de leurs morceaux préférés. Aujourd’hui, “Generation Why” de Weyes Blood, une chanson YOLO chantée au bord du précipice.
#OnResteOuvert : Fermons nos portes, pas nos esprits !
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Avant de fantasmer la résurrection du Titanic dans un monde englouti sur Titanic Rising (2019), Weyes Blood évoquait déjà un bateau qui prend l’eau dans son album précédent, Front Row Seat to Earth (2016). Aux premières loges pour regarder la Terre, oui, mais pour la regarder faire quoi ? Sombrer, s’écailler, se crevasser et persister dans le déni de sa disparition, semble-t-elle dire sur Generation Why, titre manifeste de ce disque de fin des temps.
The future was here
Dans un message récemment posté sur Instagram, Natalie Mering, son vrai nom (à moins qu’il ne s’agisse du sobriquet charnel emprunté par Weyes Blood le temps de son passage sur Terre), s’exprime sur ce que lui inspirent l’urgence sanitaire et l’état de confinement :
“Être mise en quarantaine m’a fait comprendre qu’il y a des gens qui me manquent et des choses que je tenais pour acquises. J’étais socialement distante avant, dans mon esprit, par choix”, écrit-elle avant de rajouter : “Je ne pouvais pas surmonter mes peines : le manque de valeur attribuée à la vie biologique, le sentiment d’impuissance et d’obsolescence, le vide du rêve américain. J’ai même écrit un disque là-dessus.”
Si tous les albums de Weyes Blood sont faits de cette matière métaphysique, le titre Generation Why, variation orthographique de Generation Y – soit la génération des millennials, ces gosses nés entre 1981 et 1996 –, cristallise ces questionnements à travers un slow en forme de strip-tease intégral (Mering se défait des oripeaux de la matrice pour prendre le large dans un brouillard elfique) et prend act de la persistance anormale de la vie ici-bas (à la fin du clip, on voit l’inscription “The future was here” sur des murs caverneux, laissant penser que nous vivons sur les vestiges de ce qui fut autrefois une époque d’apogée).
Un peu comme pour dire qu’il n’y aura pas de révolution, mais que celle-ci sera bien télévisée (le non-sens est total), Weyes Blood nous interpelle sur notre passivité face au divertissement du réel. Avec ironie, mais aussi beaucoup d’humour. Ne prenons pas toute cette histoire trop au sérieux non plus. YOLO.
Retrouvez la playlist et les épisodes précédents de la série :
> Track of confinement #10 : “Keep the Streets Empty for Me”, de Fever Ray
>> Track of confinement #11 : “Murder Most Foul”, de Bob Dylan
>> Track of confinement #12 : “By Your Side”, de Sade
>> Track of confinement #13 : “Qu’est-ce que je peux faire”, d’Anna Karina et Katerine
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