On n’attendait pas un tel trésor de pop maligne et racée de la part de ces Anglais faussement branleurs. Critique et écoute.
L’album commence par une longue traînée instrumentale, d’abord faite de fluctuations et de vrombissements inquiétants, puis d’une tempête parfaitement cadencée de batterie martiale et de guitares menaçantes. Mais juste après ce gros nuage noir, grand soleil : le deuxième et premier vrai morceau, You Won’t Be the Same, s’avère une pépite de nonchalance ébouriffée, d’arrangements tendres et de psychédélisme aérien – elle représente en fait, à elle seule, ce que le rock anglais peut faire de plus sexy et lumineux.
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Un an seulement après leur premier album, les cinq Londoniens reviennent avec à peu près les mêmes idées (mais dans le désordre), et aussi la même fraîcheur, le même éclat sans prétention. Et pourtant, on apprend que Toy a tout de même décidé de sortir un album par an désormais, tout en continuant à enchaîner les tournées. Pari fou et perdu d’avance ? Allez savoir. L’aventure durera le temps qu’elle durera ; en attendant, on ne va pas se plaindre de recevoir ce Join the Dots dans le froid de décembre, ni d’apprendre qu’un grand tour d’Europe est prévu pour 2014. L’un comme l’autre promettent assez de chaleur et de folie pour attendre un troisième album déjà en préparation. Prolifique donc, mais jamais prolixe, la bande du charismatique Tom Dougall n’est pas du genre à glander, ni à prendre la pose : le style est sauvage, et l’indolence uniquement de façade.
Musicalement, c’est un peu la même recette. Les compositions poussent la rigueur jusqu’à l’insolence (les neuf grosses minutes de Fall out of Love), quoique les claviers gardent toute leur légèreté (Left to Wander, As We Turn) et la bouderie shoegaze tout son charme relâché (Frozen Atmosphere, To a Death Unknown). C’est finalement dans cette ambivalence que semble s’épanouir l’héritage de l’après-punk. Tout se passe dans l’urgence et la fièvre, sans pour autant revendiquer quoi que ce soit, ni avoir quelque chose à prouver. En un mot, c’est la liberté.
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