Au début de ses escapades romantiques hors d’Arab Strap, Aidan Moffat enregistrait sous le nom de Lucky Pierre. A entendre la tristesse terrifiante de son second album, on comprend qu’il ait changé de nom : la chance a visiblement abandonné Pierre. Sur l’instrumental Touchpool, les cordes ? vastes, menaçantes, sournoises ? sont de celles auxquelles […]
Au début de ses escapades romantiques hors d’Arab Strap, Aidan Moffat enregistrait sous le nom de Lucky Pierre. A entendre la tristesse terrifiante de son second album, on comprend qu’il ait changé de nom : la chance a visiblement abandonné Pierre. Sur l’instrumental Touchpool, les cordes ? vastes, menaçantes, sournoises ? sont de celles auxquelles l’on se pend.
Accablé par un spleen rarement croisé depuis Arvo Pärt ou certaines pièces du Penguin Cafe Orchestra (le genre guilleret en larmes), ses lancinantes symphonies électroacoustiques inventent une nouvelle musique papier peint : le papier noir, lézardé, bouffé par les cafards. Le genre de morceau au spleen faussement élégant, d’une traîtrise insondable, qui s’inviterait volontiers sur une compile Buddha-Bar, mais la tournerait en jus de boudin (bar).
Car ici, la mélancolie n’est pas une aimable décoration de saison, mais un mal installé dans les viscères, où il jouit du tout-confort. Mais comme chez Arab Strap, ce qui fascine une fois encore ici, c’est cette capacité à sourire au fond du trou, à faire l’excentrique (l’étonnant Jim Dodge Dines at the Penguin Cafe, justement) quand visiblement on n’a plus la trique.