Ce douzième album de l’ex-batteur de Fela, co-inventeur de l’afro-beat, a été enregistré (à Paris), mixé (à Londres) et gravé (en Allemagne) en analogique intégral, sans qu’aucune technologie numérique n’interfère à un quelconque échelon du processus de création. Les contributeurs de ce projet (Vincent Taurelle et Bertrand Fresel) ont poussé le perfectionnisme (à ce stade, c’est […]
Dans The Source, le batteur Tony Allen s’est entouré de pointures pour rendre hommage au jazz moderne. Un chef-d’œuvre enregistré totalement en analogique.
Ce douzième album de l’ex-batteur de Fela, co-inventeur de l’afro-beat, a été enregistré (à Paris), mixé (à Londres) et gravé (en Allemagne) en analogique intégral, sans qu’aucune technologie numérique n’interfère à un quelconque échelon du processus de création.
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Les contributeurs de ce projet (Vincent Taurelle et Bertrand Fresel) ont poussé le perfectionnisme (à ce stade, c’est même du vice) jusqu’à se rendre en Angleterre par ferry afin de préserver les bandes magnétiques 3 pouces des possibles dommages causés par les scanners d’aéroport !
https://www.youtube.com/watch?v=0X_NdH1P1eY
Ceci pour dire que The Source est d’abord une prouesse technique justifiée par la volonté de hisser à son max le niveau de plaisir auditif. Et quel plaisir ! Après avoir rendu hommage à son maître, Art Blakey, avec un ep, Tony s’offre ici, à 77 ans, le disque de ses rêves. Un voyage à rebours de l’histoire du jazz moderne puisqu’à la différence de nombreux musiciens américains – dont Blakey – partis à la rencontre de l’Afrique, lui l’Africain prend la direction inverse, celle de cette Amérique qui a forgé sa vocation alors qu’il était batteur de highlife à Lagos.
Tony Allen très bien entouré
Cette “consécration” est due en partie à la bande de frenchies avec laquelle il fricote depuis plusieurs années, le saxophoniste Yann Jankielewicz en tête, cocompositeur et arrangeur des onze morceaux. Si les noms de Charlie Mingus ou de Gil Evans vous traversent l’esprit, c’est que Yann et Tony les ont beaucoup écoutés dans le repaire de ce dernier en banlieue parisienne.
The Source est-il pour autant une réplique, au sens sismique du terme, du jazz en Cinémascope de l’époque ? Oui et non. L’apport d’un ensemble de onze musiciens, tous des pointures, permet d’exploiter cette veine à la fois orchestrale et instrumentale, apanage d’une méthode où la diversité des timbres chamarre des thèmes aussi solides que solaires.
Là où la comparaison trouve ses limites, c’est avec la présence du guitariste camerounais Indy Dibong à l’idiome typiquement afro-beat ; et avec l’onction spéciale, tout en grâce et souplesse, qu’applique à l’ensemble l’inépuisable batterie de Tony. Si bien qu’on se retrouve non plus avec un disque de genre mais avec une œuvre de jazz esperanto resplendissante du bonheur d’un aïeul redevenu enfant.
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