Tokyo eyes

« Plus il y a de photos, mieux c’est » : le rythme du grand photographe japonais Araki, c’est la frénésie, la boulimie d’images, le shoot continu sur la rue, les filles, les amis, les chats, les fleurs, la nuit, un long film d’instantanés et de flashs dans les rues et les intérieurs de Tokyo. Autofocus, Polaroïd, Leica, noir et blanc et photos couleurs, tous les appareils sont bons pour assouvir cette soif continue d’images et de choses vues. Des milliers de photos, plus de 140 publications, confirme Régis Durand, directeur du CNP : Nobuyoshi Araki est un homme-caméra, il n’arrête jamais, il est inépuisable, photographie sans cesse, c’est une énergie physique qui accompagne toute sa vie ».
Le premier intérêt de l’exposition Araki organisée au CNP à Paris, est précisément de parcourir l’étendue de son travail photographique, de traverser avec lui tous les genres et les supports, de croiser tous les sujets enregistrés par l’un des meilleurs voyeurs du Japon. Ce qui permet entre autres de donner d’Araki une vision d’ensemble, et non de le réduire, comme c’est trop souvent le cas, au bondage et aux fleurs, dans un érotisme nippon presque kitsch aujourd’hui. Enfin, loin de suivre le rythme effrené de son auteur, cette expo travaille plutôt au ralenti, incitant à l’arrêt sur image : « Je ne crois pas que le travail d’un commissaire d’expositions soit nécessairement d’imiter le processus créatif. J’ai préféré montrer autre chose, reconnaît Régis Durand, la délicatesse plutôt que la saturation, la variété des genres, l’obsession de la mort, l’écoulement du temps, le sens du toucher, et cette relation particulière qu’il entretient à autrui et au monde à travers la photographie ». Araki apparaît ici comme un photographe saisonnier des ciels qui passent au-dessus de sa terrasse, des visages qui traversent son existence. La photo comme un voyage sentimental, une ligne de vie : « Mes photos, c’est mon journal. Un point, c’est tout ».

            {"type":"Pave-Haut2-Desktop"}