Reprenons. Un groupe anglais, mais alors très anglais. Quatre musiciens aux vertus diverses. Un bassiste et un batteur qui ont le plus souvent le bon goût de se faire oublier, anonymes soldats au service d’une cohésion exemplaire. Un guitariste nettement plus saillant, vrai bagarreur sous un physique trompeur petite frange Paul Weller et regard […]
Reprenons. Un groupe anglais, mais alors très anglais. Quatre musiciens aux vertus diverses. Un bassiste et un batteur qui ont le plus souvent le bon goût de se faire oublier, anonymes soldats au service d’une cohésion exemplaire. Un guitariste nettement plus saillant, vrai bagarreur sous un physique trompeur petite frange Paul Weller et regard adolescent. Un chanteur, enfin, Martin Rossiter. Extrêmement doué mais s’attirant à lui seul toutes les foudres de la terre : trop malin, trop coquet, trop poseur bref, trop Martin Rossiter. Ajoutons que Gene, si vous l’ignoriez encore, rappelle un certain autre groupe très anglais. Mais alors très anglais. Entendez par là que Gene partage beaucoup des qualités rares de l’autre groupe charisme, brio mélodique, éloquence , à tel point que les esprits exigus ont eu vite fait de brandir d’injustes accusations de plagiat là où ils n’auraient dû voir que les effets d’une influence épaisse mais bien digérée. Surtout : avant d’avoir un style (connu, reconnu), Gene a des chansons et cette compilation de morceaux rares (leur Hatful of hollow à eux) tombe à point pour le rappeler. En à peine douze mois, Rossiter et son guitariste Steve Mason ont produit quelques-uns des morceaux les mieux ficelés et les plus touchants de l’époque, jouant de l’alliage sophistication-simplicité avec une science enviable. Qu’on en juge par ces faces B de 45t Sick, sober & sorry, Her fifteen years, To see the lights, I can’t help myself , vraies trouvailles d’écriture que beaucoup auraient lancées en face A. Ou bien par ces versions « en direct à la radio » le formidable London, can you wait ou la fameuse reprise du Don’t let me down de Lennon qui révèlent un groupe sûr de son affaire, même sans filet, même déshabillé, même privé des décibels rassurants de la scène. Après l’album Olympian, et avant une prochaine livraison qu’on annonce pour l’été, les vingt enregistrements (plus un titre caché) de To see the lights viennent rappeler qu’à défaut d’être le meilleur groupe du monde, et à force d’être injustement boudé par les cyniques professionnels, Gene est en train de devenir le groupe le plus sous-estimé du moment.
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