A 20 ans, avec son premier album, elle se fait l’écho d’une génération qui a grandi avec le hip-hop mais pas que. A la clé : des hits en puissance. Rencontre.
Depuis ses premiers morceaux en 2013, Tkay Maidza a vite fait de se prendre l’étiquette de “nouvelle M.I.A.” en pleine face. Une vision certes limitative, mais pas absurde pour autant. Avec déjà de gros réflexes tubesques, des prods en forme de collages éclatés et ce flow refusant de choisir entre pop et hip-hop, la jeune Australienne s’est tout de suite placée, malgré elle, dans le sillage de la superstar indé.
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“C’est bizarre, je n’ai pas du tout grandi en écoutant M.I.A., raconte l’intéressée quand on la rencontre autour d’un café. Avant qu’on commence à me comparer à elle, je ne connaissais que le morceau Paper Planes. Mais je comprends, elle a quelque chose de tribal, elle ne chante pas vraiment, elle ne rappe pas non plus. C’est un mélange de beaucoup de choses, comme chez moi. C’est évidemment cool qu’on me compare à elle, mais ça m’énerve quand on m’accuse de lui ‘voler’ son style, parce que ce n’est pas le cas.”
A l’heure de son premier album, qu’elle sort l’année de ses 20 ans, Tkay Maidza a encore élargi sa palette. Pop ou hip-hop, alors ? Elle a décidé de ne pas choisir, passant parfois, sans transition ni featuring, d’un refrain tout sucré à un couplet de pur ego trip. En ressort un album riche et fouillé, un peu schizo, pas très porté sur le minimalisme. Toute comparaison mise à part, Tkay a le potentiel pour cartonner auprès d’une génération où les genres musicaux perdent un peu de leur sens.
« Le rap est le nouveau rock »
Tkay Maidza est née en 1996 au Zimbabwe. Sa mère est chimiste, son père métallurgiste et bientôt, quand Tkay a 5 ans, la famille déménage en Australie pour des raisons professionnelles. D’abord à Perth puis à Kalgoorlie, à Whyalla et enfin à Adelaïde, ils se réinventent une vie où la musique tient une place centrale. La radio est toujours allumée, les parents jouent dans des groupes sur leur temps libre et Tkay apprend le piano jusqu’à découvrir le hip-hop sur internet, à une époque où la pop squatte encore beaucoup la télé.
Kanye West, Kid Cudi, Childish Gambino, Chance The Rapper lui ouvrent la voie vers des aspirations musicales qui prennent forme petit à petit. “Ma génération a grandi avec le hip-hop, dit-elle. Il ne faut pas s’étonner si certains essaient de sonner comme Tupac ou Biggie. Ce n’est pas nouveau, mais le hip-hop prend de plus en plus de place dans le mainstream. Le rap est le nouveau rock, et c’est pareil pour les stars que ça engendre. Ça doit être cool d’être aussi influent que Kanye West aujourd’hui !”
A 15 ans, elle enregistre d’ailleurs une sorte de remix du Power de Kanye, qu’elle poste ensuite sur YouTube. Ses amis l’encouragent à continuer et ça tombe bien : c’est ce qu’elle avait l’intention de faire.
Un album autant pop que hip-hop
En 2013, à 17 ans, Tkay Maidza commence à publier ses premiers morceaux. Sur Brontosaurus, on sent déjà le croisement des influences, des genres et des mondes traversés. C’est d’ailleurs avec ce morceau qu’elle se fait remarquer et que les choses se lancent pour de bon. En parallèle des études d’architecture qu’elle entame à Adelaïde, Tkay passe les deux années suivantes à écrire, produire et tourner avec rien de moins que Mark Ronson, Rita Ora ou encore Charli XCX, auprès de qui elle apprend la rigueur nécessaire au métier de musicien, au-delà des fantasmes de liberté absolue.
2016. Il s’agit désormais de boucler un premier album rendant compte de ses amours pour le hip-hop autant que pour la pop la plus décomplexée. “Quand je chante, observe Tkay Maidza, j’essaie toujours d’être catchy. C’est ça la pop. Et quand je rappe, j’essaie de fonctionner par cycles rythmiques.” Double approche technique pour double vision musicale : le produit final, qui démarre bien l’année 2017, se balade sans sourciller entre tabassages en règle (Always Been, Tennies, Monochrome) et moments de douceur totale (Follow Me, House of Cards, At Least I Know).
Mais c’est sans doute entre les deux tonalités qu’on retrouve les meilleurs tracks de l’album : Afterglow, Carry on (feat. Killer Mike de Run The Jewels), Simulation et surtout Drumsticks No Guns, un tube pour le coup très M.I.A., à prévoir dès maintenant parmi les meilleurs morceaux de l’année.
album Tkay (Kitsuné/A+LSO) disponible le 20 janvier
concert le 2 février à Paris (Badaboum)
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