Deux anthologies rendent hommage à deux figures majeures du rhythm’n’blues des années 50.
Plus encore que Fats Domino ou Louis Armstrong, Professor Longhair demeure le héros ultime de la musique de La Nouvelle-Orléans, ville pourtant peu avare
en musiciens légendaires. Dans la lignée
de pianistes pionniers comme
son mentor Tuts Washington, Professor Longhair a naturellement développé un style de piano subtilement sauvage, propre à la ville et souvent joué dans des endroits inavouables.
Louable initiative alors que
de rassembler sur un même volume tous ses enregistrements des années 1949 à 1957 pour le compte de six labels différents. Véritable orchestre à lui tout seul, Longhair incarne à merveille l’âme et le cœur de La Nouvelle-Orléans, ne serait-ce que dans son surnom délicieusement absurde. Pleins d’allégresse
et porteurs d’une ferveur irrésistible, ses morceaux illustrent un génie dont la renommée n’a malheureusement jamais vraiment dépassé les limites de sa ville. Son seul succès national reste l’hilarant Bald Head, paru en 1950 sous le nom de
Roy Byrd & His Blues Jumpers. Il enregistre à plusieurs reprises le délicieux Mardi Gras in New Orleans, devenu l’hymne du carnaval local. D’une voix rare mais sûre d’elle, il mystifie tout le monde avec son rumba-boogie incendiaire, rencontre de boogie-woogie, de rumba, de jump-blues, de calypso et de mambo avec un chant emprunté au yodel hillbilly de Jimmie Rodgers !
En 1953, il publie Tipitina, sur Atlantic, dont les polyrythmies inédites et la batterie d’Earl Palmer inventent une esthétique funk dont la ville ne s’est
jamais vraiment remise.
Moins flamboyant mais tout aussi important historiquement, Rufus Thomas est un pilier du son de Memphis, ayant enregistré aussi bien pour Chess que
pour Sun Records. Ses débuts rhythm’n’blues, judicieusement appelés Before Stax, sont joliment rassemblés sous les notes expertes de Rob Bowman. En vingt titres, on découvre la genèse d’un succès qui allait se préciser au cours des années 1960 chez Stax. Ses deux enregistrements Meteor, à la vigueur redoutable, précisent un style impayable, ancré dans une bonhomie proverbiale.
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