Un ancien bidouilleur electro se mue en baladin de première bourre.
L’an passé, le Canadien Sandro Perri, connu pour ses fresques electro-expérimentales sous le nom de Polmo Polpo, avait fait un premier pas vers le songwriting, dans un mini-album où il remodelait en profondeur ses anciennes compositions. Aujourd’hui, il franchit le Rubicon avec ce recueil de ballades d’une éblouissante musicalité – une véritable fête pour les tympans et l’imagination. Son timbre cotonneux et haut perché, son jeu de guitare raffiné et ses tempos langoureux font a priori de lui un compagnon de rêverie idéal de l’Américain M. Ward. Mais Perri, qui a débuté dans le jazz, dévoile ici un langage harmonique qui dépasse de loin le seul vocabulaire folk : de sublimes mélodies au clair de lune comme Family Tree, The Mime ou You’re the One ne peuvent naître que dans le cœur d’un homme libre, imperméable à tout dogme. Soutenu par une fine équipe d’improvisateurs montréalais, qui lui apporte une large gamme de flottements poétiques, de contre-chants obliques et d’ornementations nuageuses, le Canadien flotte sur une musique délestée de toute influence, où s’entremêlent comme dans un songe flûtes, clarinettes, trombones, guitares, violoncelle et claviers. Il suffit d’écouter sa reprise à la fois infidèle et amoureuse du Everybody’s Talkin’ de Fred Neil pour comprendre à quel niveau de grâce ce gars-là est capable de se hisser : rares sont les songwriters qui évoluent à de telles altitudes.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}