Cas unique d’hybridation entre l’âge d’or de l’insouciance américaine des 60’s et le post-punk, les B52’s semblaient condamnés à n’être qu’une créature aberrante dans l’évolution de l’espèce. Un mutant improbable entre Ma sorcière bien-aimée et le Növö, Star Trek et le rock, l’électricité et le bubble-gum, les langoustes en plastique et le disco. Agent d’ambiance […]
Cas unique d’hybridation entre l’âge d’or de l’insouciance américaine des 60’s et le post-punk, les B52’s semblaient condamnés à n’être qu’une créature aberrante dans l’évolution de l’espèce. Un mutant improbable entre Ma sorcière bien-aimée et le Növö, Star Trek et le rock, l’électricité et le bubble-gum, les langoustes en plastique et le disco. Agent d’ambiance émérite du cinq majeur (avec Television, Devo, Talking Heads et Blondie) qui redonna des couleurs au rock d’outre-Atlantique, les B52’s n’auraient pas dû survivre au changement de décennie seventies/eighties, avec leur son rabougri et une image trop forte pour autoriser l’âge. Whammy et ses boîtes à rythmes parfaitement new-wave avaient pourtant alors renvoyé, en 83, les croque-morts dans leur arrière-boutique. Idem trois ans plus tard, lorsque Ricky Wilson tout à coup considéré comme un compositeur sorcier , trébuchant sur un vilain virus, cassa sa pipe. Même si le ton perdit alors de sa lubricité, Bouncing off the satellites força les critiques à ranger leur encre funéraire et leurs articles chrysanthèmes. Mieux que l’élixir de jouvence, Cosmic thing, l’album suivant, mettra au jour des B52’s étonnamment contemporains, ragaillardis et aussi multicolores qu’à leurs premières heures (Loveshack), capables de déconnades cyniques (Channel Z) : leur dernier morceau de bravoure. L’humour à plat, la silhouette épaissie et les choucroutes dégonflées par l’âge, les virées mélodiques des B52’s vont vite ressembler aux rabat-joie qui torpillent les fêtes de quadras : un peu tristounets et bouffés par la routine, incapables de croire qu’on peut encore s’amuser sur les banquettes arrière des voitures. Les chansons des B52’s finiront même par avoir les goûts mêlés du pop-corn rance et du milk-shake à la grimace sur Good stuff et la BO des Flintstones désespérante d’incrédulité. Les deux nouvelles pauvres chansons prétexte à cette rétro des B52’s renforcent ce constat. Avec leur sensualité de musique de supermarché, leur feeling desséché et leur rachitisme mélodique, Hallucinating Pluto et Debbie (en hommage à la chanteuse de Blondie, elle aussi sur le retour) devraient être l’ultime double ratage de ces quinquagénaires enfin mûrs pour aller amuser les gens de leur âge. Qu’importe puisque, pour eux, tout est bonus depuis vingt ans.
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