Grâce à Ian Broudie et quelques autres (John Leckie ou Hugh Jones), on a fait connaissance, adolescent, avec le métier de producteur de disques. Rétrospectivement, on réalise que, sans Broudie, Porcupine (Echo & The Bunnymen) ou From across the kitchen table (Pale Fountains) pour ne citer qu’eux n’auraient pas la même saveur, ce […]
Grâce à Ian Broudie et quelques autres (John Leckie ou Hugh Jones), on a fait connaissance, adolescent, avec le métier de producteur de disques. Rétrospectivement, on réalise que, sans Broudie, Porcupine (Echo & The Bunnymen) ou From across the kitchen table (Pale Fountains) pour ne citer qu’eux n’auraient pas la même saveur, ce goût de revenez-y sauce champagne. Enlumineur de génie, Broudie est aussi et avant tout musicien. D’abord au sein des punks arty de Big In Japan, puis des Original Mirrors, boudés par la rock history malgré un premier album séminal, puis cornac incontesté de ses Lightning Seeds depuis 1989 et un premier single coup de maître, ce Pure inégalé depuis, merveille de pop joviale qui aimante encore immanquablement les bras vers les cieux à chaque écoute. Car pop, Ian Broudie l’est assurément jusqu’au tréfonds de son âme, perpétuellement en quête de la mélodie parfaite. Mais dès l’album suivant, Broudie lui-même donnait un nom au mal qui ronge ses compositions comme une tumeur maligne : Jollification. Un titre qu’on interprétera comme mélange extrême de joliesse et de sophistication, la beauté (incontestable) des chansons se noyant dans des nappes de synthés sirupeux et d’arrangements chantilly indigestes. Depuis, ce défaut est allé en s’aggravant jusqu’à ce Tilt succombant aux diktats de synthés anachroniques rappelant les pires heures de l’eurodance. Curieusement, les Lightning Seeds jouissent déjà d’un prestige considérable dans la plupart des pays européens et Tilt était annoncé comme l’album de la percée hexagonale, les machines recalibrées au goût du jour, prêtes à emballer le dance-floor. Mais qui en France se délectera de cet ersatz de Pet Shop Boys soudain privés de leur distance, de leur dimension tragicomique ? Plus grave encore, comment un type aussi habile à donner chair et os aux compositions d’autrui peut-il torpiller ses propres chansons d’aussi sinistre façon ? Tilt pas d’extraballe.
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