En quelques années, la Berlinoise Ellen Allien est devenue une des figures les plus influentes de la scène électronique européenne. Non contente d’être l’ambassadrice la plus attachante que l’Allemagne ait connue depuis Steffi Graff, cette activiste de la techno accumule les bons points. DJ depuis 1992, elle tourne comme une dératée dans les plus grands […]
En quelques années, la Berlinoise Ellen Allien est devenue une des figures les plus influentes de la scène électronique européenne. Non contente d’être l’ambassadrice la plus attachante que l’Allemagne ait connue depuis Steffi Graff, cette activiste de la techno accumule les bons points. DJ depuis 1992, elle tourne comme une dératée dans les plus grands clubs du monde, a livré deux albums à l’univers étrange et envoûtant (Stadtkindt en 2001, l’exceptionnel Berlinette en 2003) et reste à la tête de l’un des plus pointus et innovants labels de musique électronique européenne, le Bpitch Control de Berlin (qui compte entre autres dans ses rangs Sascha Funke, TimTim, Modeselektor ou Smash TV, tous auteurs de premiers albums remarqués).
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Des raisons suffisantes et rationnelles, qui pourtant ne rendent pas compte de l’essentiel. Car plus qu’une bâtisseuse d’empire électronique ou une femme d’affaires avisée, Ellen Allien a mis à jour une nouvelle manière, extrêmement contemporaine, d’appréhender le temps et l’espace, et surtout de se mouvoir. Loin des autoroutes de l’écurie Kompakt (de Cologne) ou de la house viciée et funkoïde de Playhouse (Francfort), l’electro de l’Allien mêle une approche très pop à une recherche sonore expérimentale et à des rythmes influencés par le dub et le breakbeat. Une combinaison dont son nouvel album, Thrills, offre, deux ans après Berlinette, une autre brillante déclinaison.
Entièrement composé à l’aide de vieux synthés et machines analogiques, quand Berlinette accumulait les effets et clics informatiques, Thrills est construit autour de basses rondes, puissantes et souterraines, qui empruntent à la techno des origines. Plus dark et foisonnant que son prédécesseur, conçu comme un véritable défi aux diktats des dancefloors (seul Magma, le dernier titre, semble d’emblée calibré pour), le disque, décontenançant au premier abord, se révèle un peu plus passionnant à chaque écoute. On y entre comme dans une forêt broussailleuse et sauvage parsemée d’influences transe (Washing Machine is Speaking), krautrock (Ghost Train) qui, une fois apprivoisée, recèle, à l’image du sublime Your Body is my Body, d’intenses moments de volupté mentale et technoïde.
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