Sous ses airs hurluberlus, The Beta Band écrit de curieuses chansons, au service d’un psychédélisme rénové.Il aura suffi d’un single à la confidentialité savamment entretenue série limitée à quelques centaines, immédiatement épuisée pour faire galoper la rumeur pour que les babas béats baths de Beta virent, en Angleterre, au phénomène ovni. Dans les […]
Sous ses airs hurluberlus, The Beta Band écrit de curieuses chansons, au service d’un psychédélisme rénové.
Il aura suffi d’un single à la confidentialité savamment entretenue série limitée à quelques centaines, immédiatement épuisée pour faire galoper la rumeur pour que les babas béats baths de Beta virent, en Angleterre, au phénomène ovni. Dans les quelques semaines qui suivirent la sortie au compte-gouttes du maxi The Champions versions, le groupe rassemblait autour de lui une armée d’hirsutes, de bras cassés immédiatement harponnés par le groove lymphatique mais dangereusement séduisant de leur Dry the rain. La grande chanson libertaire d’Ecossais qui ont, c’est certain, reçu la foudre en sa baladant dans leurs campagnes désertes leurs clips, absurdes et cheap jusqu’à foutre la honte à leurs parents, mettent en scène des girafes en peluche, des éléphants roses, un perroquet géant ou des tapis volants. C’est à leur bord que ces chansons envisagent le rock : de très haut, la vue un peu floue, brumeuse, déformée. Comme Beta Band plane très loin au-dessus des conventions éreintantes du code d’aviation du rock, très au-delà des vieux coucous poussifs du psychédélisme officiel, il se retrouve fatalement un peu seul et groggy de tant d’oxygène. Récemment, seul Primal Scream s’était aventuré aussi loin, sur un Higher than the sun qui en disait long sur les dangers de l’altitude. Un voyage dans l’espace inauguré par Syd Barrett sur The Madcap laughs : on le voyait, au verso de la pochette, planer sur un nuage, exactement ce que faisaient ses pop-songs à l’intérieur. Voilà donc la famille d’adoption de Beta Band : pas étonnant que la logique et la raison n’aient pas été invitées sur cette compilation des trois premiers singles du groupe. Une collection où l’on ne parlera jamais de faces A et de faces B : ignorant tout de ces disparités en vigueur, Beta Band traite avec le même sérieux (?) et la même maniaquerie chacune de ses chansons. C’est ce qui frappe sur ce recueil de psalmodies a priori pas destinées à se rencontrer un jour : la cohérence et l’unité qui règnent. La preuve formelle d’un univers suffisamment fort et maîtrisé pour déteindre sur chaque envolée de vibraphone, chaque spirale de guitare sèche. Car là où il serait facile de ne voir qu’une savoureuse plaisanterie, des morceaux aussi éclairés que Dr Baker ou She’s the one viennent rappeler que la loufoquerie de façade cache un songwriting intense et supérieur. A l’évidence, un songwriting sous influence chimique : en ce sens, l’anti-Supergrass, qui forçait cette matière antique à sprinter, à faire des cabrioles. The Beta Band, lui, en ralentit considérablement le pouls, joue long et lent, invente le temps d’un breakdance sur son hamac le hippie-hop (l’emphatique Dry the rain, hymne national et irrésistible de cette secte, meilleure chanson groovy camée depuis le Loaded de Primal Scream). Un groove tellement enfumé qu’il traverse le dance-floor comme Foudre Bénie : à quelques centimètres au-dessus du plancher, le regard dans le vide mais la ferveur bouillonnante. « Le docteur Baker m’a rappelé plus tard ce jour-là/Sa femme était morte/Son chien était mort… » Avant que ce bon docteur y passe aussi, on fera tout pour lui extorquer la prescription de Beta Band.
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