Il a créé l’événement en fin de semaine dernière en dévoilant « Tomorrow’s Modern Boxes » : sur cet album surprise sans réelles surprises, Thom Yorke déstructure le spleen.
Contrairement à ce que les fans espéraient, la publication, via Tumblr, d’une énigmatique photo d’un vinyle blanc n’aura pas annoncé un nouvel album de Radiohead, mais un second chapitre dans la discographie solo de Thom Yorke. Parce qu’on a souvent évoqué davantage la façon choisie par Yorke et ses compères de publier leurs projets que les projets en question, on rappellera simplement en préambule que le musicien a cette fois décidé de proposer son album via un logiciel de peer to peer BitTorrent mais de façon légale – le disque est en téléchargement contre la somme de 6 dollars. Puis on reviendra à l’essentiel : les chansons.
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A la première écoute de ce Tomorrow’s Modern Boxes, on constate qu’il n’en contient aucune, ou presque. Ici, on retrouve au contraire toutes les caractéristiques de ce que fut la dernière saison de la série à rebondissements Radiohead : formats inexistants, emballage électronique et morceaux déstructurés… Pour soutenir ces derniers, Yorke, épaulé par son complice Nigel Godrich à la production, aura d’ailleurs confisqué à Radiohead tous les ingrédients utilisés sur les trois derniers albums du groupe : basses sourdes, piano bancal, froideur robotique, absence de guitares, rythmiques malades… Le tout, porté par une voix grelottante qui chante autant qu’elle déchante.
L’ensemble ne bouleversera donc probablement pas le clivage qui existe désormais entre les adorateurs persistants de Yorke et ceux qui regrettent le temps où expérimentation ne rimait pas forcément avec absence de chansons. A ces derniers, on conseillera néanmoins de donner plusieurs chances à Tomorrow’s Modern Boxes : son relief apparaît tardivement, dévoilant même deux petits sommets (Guess Again et l’enivrant Truth Ray qui aurait fait un formidable morceau de RadioPortishead). On saluera aussi Pink Section et There is no Ice (for my Drink) pour cette façon de donner le grand tournis avec peu de choses. On ne se souviendra en revanche pas longtemps du reste.
Dans la lignée de son premier album The Eraser, Thom Yorke signe un disque court (huit morceaux), sans réelle surprise, mais qui a au moins deux mérites. Celui, d’abord, de confirmer l’intégrité artistique de son auteur. Celui, enfin, de rappeler à ceux qui auraient la mémoire courte que ce dernier fut jadis, avec ses complices de Radiohead, le souverain du grand royaume de la mélancolie sur lequel règnent les jeunes princes d’aujourd’hui (de James Blake à Mount Kimbie, de The XX à Oceaán ou Four Tet…). Qu’il en récupère un jour la couronne serait une bonne nouvelle.
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