Le chanteur de Radiohead s’est confié notamment sur son nouvel album Dystopian lors d’une grande entrevue avec le magazine US.
Entre la BO psychédélique composé pour le film de Luca Guadagnino Suspiria et les deux morceaux inédits dévoilés lors du Minimalist Dream House organisé par la Philarmonie de Paris début avril, Thom Yorke ne s’arrête plus. Le magazine Crack a rencontré l’artiste à la créativité débordante pour aborder avec lui son album à venir Dystopian. Retour sur une discussion à coeur ouvert où l’artiste se livre sur ses peurs, ses rêves et sa vision dystopique du monde à travers le spectre de son prochain album.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Introspection
Cinquante printemps et trente années d’expérimentations en solitaire ou avec son groupe Radiohead, le chanteur britannique n’est jamais rassassié. Mais quand vient l’introspection, il demeure pourtant encore perdu. Dans l’entrevue accordée à Crack, l’artiste confie : « Parfois, je ne me reconnais pas dans une partie de la musique que j’ai faite, je suppose que cela vient du fait que je me cherche constamment « . Même avec une immense carrière derrière lui, l’artiste avoue être en quête perpétuelle de lui même, ce qui explique son côté touche à tout et sa soif de nouveauté. Thom Yorke désapprend sans cesse ce qu’il sait faire pour mieux pouvoir se réinventer : « Une fois que vous avez appris à utiliser une machine à tambour, ou appris à écrire d’une certaine manière, la tentation est d’y retourner, parce que vous savez que cela fonctionne. » Mais l’artiste ne choisit pas la facilité et manifeste une envie de goûter aux terrains inconnus pour découvrir de nouvelles techniques artistiques.
Dystopie
Le titre de l’album Dystopian n’a bien sûr pas été choisi au hasard. Dans son entretien pour Crack, il évoque la crise existentielle qu’il traverse et livre sa vision personnelle de cette dystopie ; « Avez-vous déjà pris l’avion pour Tokyo ? Le décalage horaire est à chaque fois la définition même d’une crise existentielle. Une nuit, je me suis réveillé d’un seul coup et je n’avais que ces images en tête : des rats et des humains qui échangaient leur rôles. A mon réveil, j’avais ces images terrifiantes de filles avec des talons chancelants qui étaient en fait des rats alors que les humains étaient dans les égoûts. Pour moi, la dystopie fait partie de ces choses là, c’est un état d’esprit où le sentiment d’anxiété prédomine ». Une angoisse dont s’est nourri l’artiste pour composer ce nouvel album, le meilleur moyen pour lui, d’exprimer cette anxiété de manière créative était de la possitier dans un environnement dystopique.
« On a laissé des incompétents aux commandes en supposant qu’ils allaient bien nous diriger »
Un album qui témoigne aussi d’une situation politique critique et d’une société bancale qui peine à joindre les deux bouts. « Parce que nous avons grandi avec Thatcher et Blair et nous nous sommes dit : ‘D’accord, ce ne sont qu’une bande de losers qui vivent dans une bulle. Et en acceptant ça nous avons laissé des incompétents au pouvoir » : un ton amer pour le chanteur qui affirme que sa vision dégressive du monde se refèlte complétement sur cet album. Une crise politique et sociale dont sa génération est, selon lui, responsable : « Nous refusions toujours d’accepter que quelque chose de plus fondamental pour changer en tant que société était nécessaire et que notre trajectoire était insoutenable […] ». Une dystopie où il décèle tout de même une lueur d’espoir incarnée par la « jeune génération » qui s’implique de plus en plus dans l’engagement politique.
Thom Yorke sera de passage au Festival Days Off les 7 et 8 juillet prochain à la Philarmonie de Paris
{"type":"Banniere-Basse"}