Engagé à une échelle ultralocale, comme son alter ego électrique Godspeed You! Black Emperor, A Silver Mt. Zion a souvent reçu les quolibets de la presse, surtout anglaise, qui les a trop souvent assimilés à des ermites froids, barbus et sectaires, coincés dans les marges du système. This Is Our Punk-Rock, album bourré d’humanité, vient […]
Engagé à une échelle ultralocale, comme son alter ego électrique Godspeed You! Black Emperor, A Silver Mt. Zion a souvent reçu les quolibets de la presse, surtout anglaise, qui les a trop souvent assimilés à des ermites froids, barbus et sectaires, coincés dans les marges du système. This Is Our Punk-Rock, album bourré d’humanité, vient aujourd’hui démontrer une bonne fois pour toutes l’erreur magistrale de tous les criticaillons agacés par la discrétion médiatique de ces Canadiens qui ont simplement choisi de faire exister, tant bien que mal, leur petite utopie loin des sentiers balisés par le business.
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La fragilité et l’indépendance de leur projet se révèlent d’ailleurs dès le premier titre de l’album, Sow Some Lonesome Corner So Many Flowers Bloom (« Plante des petites graines dans les coins oubliés pour que beaucoup de fleurs jaillissent« ), où le groupe a mis à l’œuvre un surprenant chœur composé de vingt personnes : des musiciens proches du groupe, des amis, des amis d’amis.
Placé en ouverture de ce This Is Our Punk-Rock au titre paradoxal, comme pour annoncer l’imminence d’une sorte de tragédie à venir, le chœur de Sow Some Lonesome Corner So Many Flowers Bloom laisse éclater le dilemme récurrent auquel se heurte magnifiquement la musique de A Silver Mt. Zion : choisir, s’il le faut, entre la mélancolie et la révolte, le désespoir ou la rage. Cet entre-deux pavé de doute, les membres du groupe le cultivent, en oscillant consciemment dans un état de latence propre à l’invention de leur musique sans domicile connu, où les violons s’accouplent avec les guitares, où le silence vient apaiser les orages électriques. Une musique sans terre, sans âge et peut-être même sans véritable avenir, que les Canadiens distillent toujours au compte-gouttes, sans jamais voir plus loin que le bout du prochain disque.
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