James Murphy l’a annoncé : le groupe pourrait bientôt se séparer et lui, partir à la retraite. Ce producteur atypique vient pourtant de sortir un monument de dance-rock teinté de glam et de pop. Alors, info ou intox ? Rencontre et écoute intégrale.
Charmé par les serpents de cette ère présynthétique que sont ses icônes Bowie, Iggy ou Roxy Music, James Murphy ne délaisse pas pour autant leurs proches descendants de la new-wave synthétique dont l’impact demeure omniprésent sur This Is Happening, mélangé à un electrofunk diabolique et à une folie tribale pour un cocktail que résument à merveille One Touch et You Wanted a Hit.
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Des hits, c’est justement ce à quoi Murphy n’ose plus prétendre, lui, le punk défroqué venu sur le tard à la dance, qu’il détestait jusque-là, après avoir avalé son premier ecsta à 30 ans.
“Mes frères et soeurs ont dix ans de plus que moi. Ils avaient de super disques de rock des années 1960 tandis que mon père était obsédé par les big bands de jazz. A 5 ans, j’avais l’habitude de m’allonger sur le sol de la cuisine pour écouter et ressentir les sons comme celui du réfrigérateur. Pendant des heures, je pouvais écouter ces bruits qui formaient des boucles de notes. A 8 ans, je voulais une vraie chaîne hi-fi, pas juste un mange-disques. Mes parents et mon frère m’en ont offert tous les éléments. Ce que j’ai acheté en premier, ce sont des disques, comme Fame de Bowie. Bien sûr, je voulais être une rock-star pour les mêmes raisons stupides que les autres kids.”
L’adolescence dessine les voies qui le marqueront au fer rouge du punk. “Dans ma petite ville paumée du New Jersey, le meilleur pote de mon frère, de l’autre côté de la rue, était un grand fan de punk. Ma soeur aimait les Ramones. Pour moi, Dog Food d’Iggy Pop était un classique. Par la suite, j’ai découvert la newwave de ma génération, The Knack, les Go- Go’s… Mais avant tout, j’adorais The Clash et les B-52’s.”
La découverte du post-punk anglais finit de modeler ce futur Frankenstein de l’electro. “J’ai écouté New Order avant Joy Division. J’adorais Siouxsie, j’étais à fond dans The Smiths, et par dessus tout fan de The Fall. Une nuit, vers 15 ans, je regardais la télé et suis tombé sur Hail the New Puritan, un documentaire sur le danseur Michael Clark. La musique était signée The Fall, dont je n’avais qu’un disque. Ce docu m’a estomaqué. C’était le résumé de tout l’esprit du punk. Quand j’ai enregistré Losing My Edge, le premier morceau où je chantais, j’ai tout fait pour sonner comme leur chanteur, Mark E. Smith. C’est juste l’influence la plus importante de ma vie.”
Ce “melting potes” de quarante années de musique donne aujourd’hui naissance au meilleur hybride electro-rock de sa génération. Il n’existerait pourtant pas sans un vilain coup du destin. “Ma mère a eu un cancer quand j’avais 10 ans et son traitement a provoqué une paralysie. Mon père, lui, a eu des problèmes de santé à cause de la cigarette. Quand ma mère est morte, en 2001, il ne lui a survécu que six mois. Ça m’a épuisé de m’occuper d’elle mais ça m’a fait grandir plus vite que prévu. J’ai dû être mon propre père. Quand vous vous occupez de votre mère et qu’elle meurt, ça vous change. Et moi, ça m’a particulièrement changé. J’ai arrêté d’avoir peur.”
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