James Murphy l’a annoncé : le groupe pourrait bientôt se séparer et lui, partir à la retraite. Ce producteur atypique vient pourtant de sortir un monument de dance-rock teinté de glam et de pop. Alors, info ou intox ? Rencontre et écoute intégrale.
“Le groupe, c’est principalement moi, mais Nancy (Whang, claviers) et Pat (Mahoney, batteur) sont avant tout des amis. Avec Pat, on passe notre temps à parler de musique. Quand je travaille sur des morceaux, il vient chez moi, on prend un café, il écoute et on en parle. Il a beaucoup à dire, mais sans qu’on soit jamais dans un rapport de groupe.”
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Pour le successeur de LCD Soundsystem (2005) et de Sound of Silver (2007), le New- Yorkais a pour la première fois embarqué sa troupe sous le soleil
californien, dans un studio de Laurel Canyon qui avait rarement connu telle débauche électronique. “Mon studio est super mais c’est mon bureau, là où je travaille. J’ai beau être un technicien, je suis aussi un artiste, même si par nature je ne me sens pas très créatif. J’ai besoin de m’en éloigner.”
L’inspiration, elle, surgit toujours, quelle que soit la couleur du ciel.
“J’ai beaucoup appris en travaillant seul. Mais ça ne me donne pas pour autant une confiance indestructible, ça n’aurait aucun sens pour moi.”
Cette capacité à réaliser ses rêves musicaux en toute autonomie lui permet de rendre hommage aux sombres héros de sa vaste discothèque. Après avoir convoqué les fantômes de The Fall, des Talking Heads ou de la no-wave façon Liquid Liquid sur ses précédents albums, il règle cette fois son compte au glam-rock, comme sur l’entêtant, efficace et simplissime Drunk Girls, qui dévoile un versant power-pop de LCD Soundsystem. Plus loin, All I Want résonne en écho postmoderne, si c’était encore possible, du fameux Heroes du David Bowie période növö.
“Je veux vraiment obtenir ce son de guitare depuis que je suis gosse. Vers 15 ans, toutes les chansons que j’écrivais tentaient ce son qui m’obsédait.” La grande force du groupe réside dans cette capacité du fan Murphy à s’exprimer de façon unique et originale tout en honorant les musiques qu’il vénère, ce qui lui permet de parler autant aux seniors monochromes qui ont partagé ses références qu’aux jeunes générations fluo, sensibles à sa fraîcheur et à sa pertinence.
“Pour cacher une influence, il faut une énergie qui m’empêcherait de faire de la bonne musique. Donc parfois, quand j’aime un son, j’en fais un copier-coller et ça me va. Le truc n’est pas de copier bêtement, mais d’atteindre un résultat.” Sur Somebody’s Calling Me, Murphy nous entraîne ainsi dans les bas-fonds du Nightclubbing d’Iggy Pop : moite, glauque et sexy, à l’image de son piano déglingué de cabaret berlinois.
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