Réédition d’un grand album anglais, qui à l’époque inventait le post-rock.
Plus qu’un Throbbing Gristle ou qu’un Wire, This Heat reste probablement le trésor le plus secret de toute la vague postpunk industrielle de la fin des années 70. Un coffret rétrospectif de 6 CD présentant l’intégralité des enregistrements de la courte carrière du groupe (1976-1982) avait pourtant bien paru en 2006, mais celui-ci n’a pas suffi à asseoir définitivement l’influence du trio britannique. Groupe d’avant-garde au soin mélodique jamais démenti, formé par Charles Bullen, Charles Hayward et Gareth Williams, This Heat enregistre Deceit en 1981, pour Rough Trade. C’est leur second disque. Le premier, en 1979, This Heat, mélange le rock à la musique expérimentale et préfigure, comme d’autres albums fondateurs, ce que l’on nommera vingt ans plus tard le postrock.
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Avec Deceit, un cap semble franchi. Disque, déjà, de la maturité, il sonne à la fois comme un grand réservoir à références (la musique concrète – beaucoup de manipulation de bandes –, le krautrock, la musique industrielle, le psychédélisme d’un Kevin Ayers, jusqu’à un côté glam assumé, de Bowie à Roxy Music) et comme œuvre séminale qui va nourrir des générations entières. On entend dans Deceit autant la rage de Bästard, les mélodies rêches de Minimal Compact, la science infuse de Jim O’Rourke que les délires free de John Zorn…
Rough Trade prévoit de les faire jouer en première partie de U2, mais la tournée est finalement annulée. Puis Gareth Williams quitte le groupe et celui-ci se dissout presque naturellement. Plusieurs enregistrements posthumes paraissent mais, à l’instar de Joy Division, This Heat intègre le cercle restreint des formations qui n’auront eu besoin que de deux disques pour entrer dans l’histoire du rock. Une histoire certes parallèle, où l’on croise plus facilement AMM, Henry Cow ou King Crimson que Chuck Berry, mais dont les traces laissées sont tout aussi tenaces et profondes. A noter que Light in the Attic réédite en même temps que Deceit le premier album du groupe ainsi que Health and Efficiency, un ep de 1980.
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