Lorsque RZA, le légendaire producteur de la mafia Wu-Tang, se propose de produire la fine fleur du hip-hop underground new-yorkais, on imagine que le ferry pour Staten Island est pris d’assaut. Pour pas mal de producteurs en perte de vitesse ou égarés, ce type de compilation recensant ses propres héritiers tournerait vite au numéro de […]
Lorsque RZA, le légendaire producteur de la mafia Wu-Tang, se propose de produire la fine fleur du hip-hop underground new-yorkais, on imagine que le ferry pour Staten Island est pris d’assaut. Pour pas mal de producteurs en perte de vitesse ou égarés, ce type de compilation recensant ses propres héritiers tournerait vite au numéro de cabotinage, d’autocélébration, ne tolérant des invités que la dévotion ? un moyen bien bas de se racheter une crédibilité sur le dos de ses descendants. Mais RZA demeure, malgré le déclin spectaculaire du Wu-Tang, une furieuse tête chercheuse, et des rappeurs aussi intransigeants que MF Doom, Cannibal Ox, Aesop Rock, La The Darkman ou J-Live ne sont pas à vendre.
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Underground par décision, par déontologie plus que par poisse ou choix de carrière hasardeux, cette élite du hip-hop bis new-yorkais a, à l’évidence, beaucoup appris de l’attitude mais aussi des prouesses soniques inouïes du Wu-Tang, et aucun n’est venu les mains vides ? y compris Jarmusch, auquel RZA avait offert une BO fondamentale pour Ghost Dog. Et du funky poisseux, narcotique de Slow Blues au martial Biochemical Equation, RZA renoue avec sa glorieuse tradition de samples atmosphériques, de beats en apnée, de bouclettes obsédantes, de découpages cliniques. Il y avait longtemps qu’on ne l’avait pas senti aussi impliqué, concerné ? même si ce son, si fascinant il y a dix ans, a pris un peu de bide et de rides à côté des régimes ascétiques et athlétiques de Pharrell Williams. Un hommage ému à feu O.D.B., mais également à un certain hip-hop éthique, lui aussi enterré, donne ici le ton : solennel mais agité, pessimiste mais combatif.
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