Le nouvel album des Liars, résultat de sessions plus intimes entre Angus Andrew et Aaron Hemphill, débute par de petites déflagrations sèches, puis plonge très vite dans un torrent haletant, mené par une rythmique malade, des guitares en dents de scie et un chant qui ressemble aux cris d’anges torturés à l’électricité. Dès le premier […]
Le nouvel album des Liars, résultat de sessions plus intimes entre Angus Andrew et Aaron Hemphill, débute par de petites déflagrations sèches, puis plonge très vite dans un torrent haletant, mené par une rythmique malade, des guitares en dents de scie et un chant qui ressemble aux cris d’anges torturés à l’électricité. Dès le premier morceau, l’oreille est aspirée dans un univers oppressant, étrangement caverneux, qui n’a presque plus rien à voir avec les chansons droites et coupantes de l’album précédent. Le groupe s’est débarrassé de tous les dogmes et les préceptes, privilégiant une approche plus tortueuse, moins explicite.
Les Liars font surtout preuve d’un humour noir et très abrasif. They Were Wrong, So We Drowned retrouve avec bonheur la terreur malsaine et les tonalités désolées qui hantaient les premiers disques de Sonic Youth ou les rares singles de groupes comme Mars ou DNA, qui collaient par-dessus le raffut de leurs guitares de petites mélodies caramélisées et vicieuses. Tout en enchaînements nerveux, They Were Wrong, So We Drowned explose comme une magnifique accumulation d’orgasmes, dont l’apex contrasté réside dans le dernier morceau, une petite valse lumineuse et christique, en hommage à Philip K. Dick, unique moment de lumière apaisée mais tout de même évanescente, de cet ensemble tendu. Ces quelques minutes de clôture, magiques, n’en renforcent que davantage la beauté dangereuse qui traverse le reste du disque, dont on ressort avec les oreilles délicatement bourdonnantes et l’esprit délicieusement perverti.