Ne surtout pas se fier au nom en “The” : ce groupe voit beaucoup plus loin que le bout de ses Converse, nettement au-delà des conversations rabachées de guitares en vogue. Eparpillés entre Manchester et le Texas (il y a de la place), les Earlies jouent une musique écartelée entre les grands espaces américains (Flaming […]
Ne surtout pas se fier au nom en « The » : ce groupe voit beaucoup plus loin que le bout de ses Converse, nettement au-delà des conversations rabachées de guitares en vogue. Eparpillés entre Manchester et le Texas (il y a de la place), les Earlies jouent une musique écartelée entre les grands espaces américains (Flaming Lips, Mercury Rev) et les excentricités anglaises (Spiritualized, Nick Drake). Avec un luxe jamais ostentatoire, réduit à l’effet de surprise et aux perturbations, ils évoquent ainsi des Beach Boys produits par Aphex Twin. Un étrange psychédélisme de sous-bois, foisonnant et sautillant, avec vue imprenable sur une cité futuriste. Car il y a toujours des bips vrillés, des beats rouillés, pour venir, en fond de scène, troubler la sérénité de ces plans extralarges, vicier le bucolisme, inviter le mystère dans les panoramas grandioses qu’offrent ces mini-symphonies pour violoncelles, hautbois, cors anglais et timbales infernales.
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On parlerait volontiers ici d’ambient-pop, si seulement ce genre équilibriste n’avait pas été à ce point détourné en recette fast-food par les charlatans du new-age en vaporisateur. Car loin de ces musiques sans consistance que vendent à la chaîne les compilations papier peint, les chansons des Earlies ont beau se parer de cordes brumeuses et de voix contemplatives, leurs mélodies restent évidentes, lumineuses. Spectrales, mais palpables. On réédite ces jours-ci les aventures électro-oniriques de Brian Eno dans le cœur même de la pop : trente ans précisément après Another Green World, les Earlies repartent du même point de départ, avec le même bagage léger, la même naïveté de tête en l’air, la même envie d’en découdre avec le vide. Et comme Air ou Mercury Rev, parrains pas du tout antagonistes de cet album aérien, ils poussent les avancées plus haut, plus en apesanteur que leur illustre prédécesseur.
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