Des chansons fougueuses par des rénovateurs anglais de la pop-song.
Qu’on n’y décèle aucun préjugé, aucune marque de snobisme d’habitant de capitale : si le rock doit beaucoup aux fantasmes de l’adolescence, il doit des fortunes à la vie provinciale ? et à l’ennui qui souvent l’accompagne. Le Dieu Albion en conviendra. Combien, en effet, de petites villes anglaises se sont-elles faites les repaires d’une génération de songwriters fougueux, las de leur dérisoire quotidien partagé entre le lycée et le terrain de foot ? Combien de communes isolées ont, à force d’offrir le même et tristounet décor à leurs jeunes habitants, inspiré de grandes vocations et provoqué des envies d’évasion ? Les jeunes hommes qui se présentent aujourd’hui sous le patronyme de Mumm-Ra (nom emprunté à l’un des ennemis des Cosmocats, personnages du dessin animé phare des années 80) ont souvent trouvé le temps long à Bexhill-on-Sea, petite station balnéaire du sud de l’Angleterre. Face à la mer, ils ont eu le temps de scruter l’horizon et, de cet ennui profond, fait naître de vrais désirs de fuite.
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Les années 90 avaient sept ans à peine, et les jeunes amis de James New, leader et chanteur de Mumm-Ra, motivés par un amour commun pour les disques d’Oasis et de Blur, ainsi que pour ceux de groupes vraiment dépassés aujourd’hui, dont on a même honte de prononcer le nom, comme Ocean Colour Scene , ont alors entamé un long parcours : il leur a fallu près de cinq ans pour être signés sur un label.
Difficile de scotcher une quelconque étiquette sur les têtes déjà bien remplies de Mumm-Ra : si leurs couplets semblent emprunter aux parfois trop anglais Razorlight, c’est pour mieux laisser place aux plus lointains fantômes de Death Cab For Cutie (notamment sur Out of the Question) ou des Flaming Lips. Plus généralement, c’est le spectre des Stone Roses, période Second Coming (1994), qu’on entrevoit tout au long de l’album, dans ces solos de guitare qui assument leur virilité et séduisent les masses. Ces choses se déplacent par trois’, annonce aujourd’hui modestement le titre de ce premier album. En fait, elles pourraient bientôt se déplacer par milliers.
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