Un orchestre, des enfants de choeur et des pastèques pulvérisées : la transposition sur scène par les sorciers anglais These New Puritans de leur fascinant album, disque de l’année du NME. En concert ce week-end à Paris.
Complexe bâti à la verticale dans un enchevêtrement de béton brut et de brique morne, le Barbican est un labyrinthe où le badaud a vite fait de s’égarer – et de perdre au passage toute joie de vivre. Cet étrange domaine abrite pourtant l’un des centres artistiques les plus actifs de Londres : le Barbican Centre.
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C’est là que les têtes brûlées de These New Puritans ont choisi d’interpréter en intégralité leur deuxième album, Hidden, sorti en début d’année – et élu récemment disque de l’année par le NME. En première partie de The XX notamment, ils en ont déjà joué des extraits dans des salles réservées aux groupes de rock, avec les moyens du bord – une expérience déjà intense et troublante.
Mais il s’agit ici d’un exercice autrement plus périlleux : recréer à la virgule près un album à la fois accessible et expérimental. “Ce disque a été conçu en profitant de toutes les possibilités qu’un studio peut offrir, mais jamais dans le but d’être joué sur scène”, explique Jack Barnett sur son bloc-notes. Au comble de l’angoisse à l’idée d’être sur le point de concrétiser ce projet de longue haleine, à la logistique exigeante, le songwriter et chanteur du groupe est littéralement devenu muet depuis des jours. Il ne parlera pas.
On appelle en renfort son frère jumeau George, batteur du groupe : on aura le choix de trouver des réponses soit dans ses yeux cernés, soit dans les hiéroglyphes qu’il griffonne, soit dans les accords funèbres qu’il esquisse parfois au piano en guise de commentaire. Interview la plus surréaliste de l’année.
Quelques heures plus tard, le groupe entre en scène dans un cadre ultraformel, un brin suranné. Les musiciens du Britten Sinfonia plantent le décor en douceur sur l’intro instrumentale Time Xone, sous la baguette du chef d’orchestre André de Ridder, que l’on a croisé aux côtés de Gorillaz lors du spectacle Monkey: Journey to the West.
Et là, c’est le miracle de Noël avant l’heure : la voix de Jack réapparaît sur We Want War, l’un des sommets de l’album et du concert. Les choeurs fantomatiques du New London Children’s Choir planent sur des rythmiques martiales et terrifiantes. Le public reste assis, complètement terrassé. Sur Fire-Power, les visages se détendent quand on découvre en direct d’où viennent les bruits sourds : des percussionnistes explosent au marteau des pastèques (à défaut de crânes humains) qui volent en éclats.
Contrairement à ce que leur nom laisse penser, These New Puritans n’ont donc rien de conservateurs. Il n’est pas donné à tout le monde de faire entrer en collision des torrents de lave bouillonnante avec des icebergs monumentaux. Le groupe continue ainsi de se lancer des défis irrationnels pour créer des hybrides à la fois introspectifs et radicaux, abstraits et sensuels, minimalistes et pourtant immenses.
Album : Hidden et Hidden:Remixes ep (Domino/Pias)
Concert : le 18 décembre à Paris (Centre Pompidou)
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