En concert cette semaine, ce rock sombre et pas vraiment guéri
En une demi-douzaine d’albums attachants comme du plastic noire fondu à même la peau, Sophia n’a jamais vraiment passé la seconde vitesse – pas plus que le groupe n’a franchement souri. Le vacarme, c’était une autre vie, quand le Californien Robin Proper-Sheppard torturait la guitare de God Machine. L’acte fondateur de Sophia étant le décès de son ami et bassiste Jimmy Fernandez, le recueillement et les fenêtres closes ont donc longtemps été ici de rigueur – comme on dit “un hiver rigoureux”. Pourtant, depuis quelques années, le dégel est venu révélé quelques couleurs dans ces chansons sépias, animer ces natures mortes. De la désolation élégante et l’épure ascétique, Sophia est ainsi lentement passé à une pop plus luxuriante, plus ouverte, avec des reliefs soulignés par une lumière horizontale, blafarde mais chaude. En douze ans, le groupe a ainsi évolué au même rythme que ses chansons : lent mais décidé, faussement inerte, avec ces guitares qui, sous terre, cherchent un passage vers le soleil, se mêlent en en impartiale égalité avec des tremblements, des soupirs, des mélodies de réveil. C’est ce retour à l’humanité, accéléré par des artifices lyriques et dynamiques que ment, de manière spectaculaire et convaincante, ce nouvel album. Un album à la traîtrise effroyable, car cette belle santé des refrains peine rapidement à dissimuler une tristesse chevillée au corps, rendue encore plus poignante et inquiétante par son déni, par son obstination à simuler sa guérison. “I was only dreaming…”, susurre Robin Proper-Shepperd. Bons cauchemars.
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