Après un très long temps de gestation, l’ancien protégé de Kanye West publie enfin un troisième album solaire au groove insidieux.
Pour peu qu’on ait suivi les pérégrinations artistiques de Theophilus London depuis la sortie de Vibes en 2014, la genèse de son successeur, Bebey, paraît inhabituelle, sinon complètement chaotique. Libéré contractuellement par Warner et s’éloignant pas à pas des podiums de la Fashion Week, le New-Yorkais en a profité pour monter son propre label (My Bebey Records) et confectionner précautionneusement son troisième lp. Distillés à l’envi, les singles extraits de Bebey, réalisés seul ou en collaboration avec Tame Impala ou Ariel Pink, laissaient entrevoir un disque solaire au groove insidieux.
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Des lignes de basse implacable
Antithèse de l’album de la maturité, boursoufflé et cérébral, Bebey tient plus d’un “disque de maturation” : assez confiant dans l’intemporalité de ses tubes pour les retravailler trois années durant, et sûr de leur efficacité pour éviter l’écueil d’un album concept trop encombrant.
C’est d’ailleurs par son apparente simplicité que Bebey charme. Ici, les morceaux originaux s’enrichissent de remixes (avec les rappeurs Lil Yachty ou Giggs), côtoient les reprises du groupe synthpop New Musik (Revenge, avec Ariel Pink) et de disco nigérian (Only You de Steve Monite, magnifié par Tame Impala) qui confèrent à l’ensemble une insouciante allure de mixtape.
A mille lieux des expérimentations électroniques et post-punk de son formidable Timez Are Weird These Days (2011), qui le consacrait comme un fidèle successeur de Kid Cudi (Kanye toujours dans les bons coups), Bebey se révèle sur un spectre plus restreint mais plus récréatif. Du vicieux Whoop Tang Flow, en featuring avec l’évadé du Wu-Tang Clan Raekwon, au lancinant Seals avec Lil Yachty, en passant par la moiteur de Whiplash (avec Tame Impala encore), Cuba et Give You.
En résultent deux constantes : les lignes de basses qui composent Bebey sont implacables et Theophilus London brille par sa versatilité. Deux vertus respectivement garantes de la cohérence du projet et du renouvellement sonore perpétuel de Bebey, qui achèvent d’installer cette collection de tubes dans les cœurs et les têtes. Au moins pour le prochain été.
Bebey (My Bebey Records)
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