Du folk soyeux et fervent, qui n’attend que ses fans.
Au fil des ans, Olympia a supplanté San Francisco comme capitale libertaire et alternative de la contre-culture West Coast. De K Records à Kill Rock Stars, quelques-uns des meilleurs labels de rock ou folk américains ont contribué à l’éclosion miraculeuse d’une scène déviante dans cette ville ouverte – une île, presque. Vivier militant, engagé et enragé, ces labels ont fourni aux majors des artistes comme Beck, Elliott Smith ou Gossip. On imagine volontiers June Madrona suivre le même chemin tortueux (son précédent album s’appelait A Long & Ugly Road) que celui emprunté par Elliott Smith ou Sufjan Stevens – deux mentors de ce folk frêle mais ambitieux –, des tréfonds de l’underground associatif aux BO prestigieuses, tant sa musique impose avec fermeté ses humeurs contradictoires. Car ici, le dialogue entre mélancolie et euphorie, entre sous-bois ombrageux et terrasses ensoleillées est fécond et naturel, offrant à ce songwriting fin une étonnante et trop rare partie de montagnes russes. Car le spleen n’est pas ici un marigot où se noyer, mais une mare où faire des bombes, entre amis venus les mains pleines de rêves éveillés (harpe, violoncelle, clochettes, banjo…). Et même si les textes restent poignants ou même flippants (Bedroom Faeries, My Secret Father), même s’ils jouent souvent avec une nostalgie sépia (à l’image de la pochette), ce folk semble, lui, sorti de ce chaos : apaisé et lumineux, il a l’air hébété et béat de celui sorti indemne du carnage.
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