Chris Hooson, cerveau unique de Dakota Suite, aime sa ville fantôme (Leeds, au nord de l’Angleterre). Cela fait cinq ans que cet infirmier psychiatrique ramène du travail à la maison et en fait des disques pas toujours accueillants. Son tempérament suicidaire avoué a attiré vers lui un public de dépressifs carabinés.Seulement à force de côtoyer […]
Chris Hooson, cerveau unique de Dakota Suite, aime sa ville fantôme (Leeds, au nord de l’Angleterre). Cela fait cinq ans que cet infirmier psychiatrique ramène du travail à la maison et en fait des disques pas toujours accueillants. Son tempérament suicidaire avoué a attiré vers lui un public de dépressifs carabinés.
Seulement à force de côtoyer l’abîme, il a fini par rencontrer une voie autrement plus majestueuse. Il y eut ce petit disque timide, le Navigators Yard il y a deux ans, rempli de vignettes pour piano, violons et échos. Grâce à ce disque, Hooson prend confiance en lui, occupe une vieille église baptiste et engage vingt musiciens pour accompagner les quelques notes de piano que lui ont inspiré les poèmes d’un certain Elliot Sturdy.
Le Your Vigour for Life Appeals Me d’ouverture donne le ton du nouvel album The Way I Am Sick, le chef-d’œuvre d’ Hooson qui laisse un orchestre complet pleurer à sa place. Un piano cristallin, accompagné d’un violon solitaire virevoltent, parviennent à s’échapper loin au-dessus d’une masse statique de violoncelles. Puis le rêve se mue en catastrophe ? le titre sombre, sans appel, au beau milieu d’un torrent d’orgues d’église.
Chris Hooson revendique l’influence d’Arvo Pärt mais on n’y croit pas vraiment. Sa musique évoque davantage un fantasme surgi du passé. Dépassant le simple exploit d’avoir laissé tomber le rock pour un costume classique autrement plus difficile à enfiler, The Way I Am Sick est un petit chef-d’œuvre lentement dérangé, un de ces disques qui ressemblent à ces objets domestiques qui peuvent être aussi dangereux. Parce qu’au-delà de l’infinie beauté des arrangements et des mélodies, Chris Hooson a distillé dans son disque une atmosphère d’où on ne sort pas inchangé. Si on en sort.
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