Trois réeditions font regretter un peu plus le génial Lee Hazlewood, mort cet été.
Lee Hazlewood laisse un vide derrière lui que personne ne pourra combler tant son talent était unique, inimitable, maniant intelligence et humour dans un écrin pop ambitieux. Tout en finesse et en fausses rugosités, son vrai génie se déploie sur ces trois rééditions d’albums plutôt difficiles à trouver dans leur version originale et dont l’écoute console (à peine) les fans éplorés par sa disparition l’été dernier. Les trois disques ont en commun d’avoir été enregistrés pour le label MGM, sur lequel on retrouve à peu près les mêmes ingénieurs du son qui ont travaillé sur les premiers albums du Velvet Underground. Mais rien à voir, ici, avec les morceaux urbains de la troupe de Lou Reed : c’est une autre vision de l’Amérique qui est en jeu. Une Amérique plus bucolique, moins anxiogène, mais aussi plus chimérique, comme portée par des fantasmes hollywoodiens qui redessinent le réel. Les trois disques contiennent des morceaux magistraux, mais c’est peut-être Lee Hazlewoodism qui est le plus beau, le plus crépusculaire aussi. Des morceaux comme Jose, Nights ou I Am a Part sont de vraies perles, qui auraient pu servir de BO à un film classique d’Hollywood, tout à la fois dans l’écriture et les arrangements, explorant chacun une facette de la mélancolie, du désespoir et de la nécessité de demeurer vivant, fidèle à soi, à ses rêves de gamin. The Very Special World of Lee Hazlewood est un disque tout aussi captivant, ne serait-ce que pour For One Moment, My Autumn’s Done Come, Bugles in the Afternoon. La plupart de ces morceaux sont des versions de titres déjà enregistrés par Nancy Sinatra, comme These Boots Are Made for Walkin’, dont la version de Lee est plutôt drôle, mais moins essentielle. Something Special est un album moins abouti que les deux autres, plus porté sur un blues cotonneux, de fin de nuit, qui laisse moins pantois. Il n’est pas pour autant exempt de beaux moments comme le dépressif Fort Worth ou l’enjoué Shades. L’ensemble des trois albums forme un beau portrait de Lee Hazlewood : la plus belle introduction à son œuvre.
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Egalement disponible dans le cadre de cette réedition : Lee Hazlewoodism : its cause and Cure (1967) et Something Special (1968), disponible chez Water en import.
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