Funki Porcini est le genre de personnage auquel on prête plusieurs vies, sorte de Keyser Soze inoffensif car uniquement porté sur la délinquance musicale. Londonien parti à San Francisco, intime de Snakefinger et des Residents, compositeur de musiques de film en Italie, son portrait contient trop d’ellipses et de mystères pour l’enfermer dans un quelconque […]
Funki Porcini est le genre de personnage auquel on prête plusieurs vies, sorte de Keyser Soze inoffensif car uniquement porté sur la délinquance musicale. Londonien parti à San Francisco, intime de Snakefinger et des Residents, compositeur de musiques de film en Italie, son portrait contient trop d’ellipses et de mystères pour l’enfermer dans un quelconque carcan. Depuis son affiliation au label Ninja Tune des Anglais de Coldcut, Funki Porcini a toujours étonné : endossant le rôle du grand sage, il s’est montré plus fou et imprévisible que les autres, sans que son excentricité résulte du moindre calcul, de la moindre approche raisonnée. Alors que d’autres trublions de l’électronique Squarepusher à son pire ou à son meilleur oeuvrent en zigzags lunatiques, une certaine cohérence apparaît a posteriori dans ses morceaux, un ordre pas évident mais réel. Car, quoi qu’il arrive, Funki Porcini conserve le groove, inventant des danses difficiles à mettre en pratique mais excitantes à imaginer. The Ultimatly empty million pounds ne déroge pas à la règle : toujours un peu décalé imagerie énigmatique mais jamais insensé. Le sampler reste le meilleur ami de cet homme, mais ses collages, tout raccommodés qu’ils soient, gardent les pieds sur terre. Une terre isolée de toutes les modes, une presqu’île dont il a la jouissance et qui aura son hymne officiel. En effet, Rockit soul, épatant prototype de drum’n’bass non orthodoxe, appartient à la même noblesse que le Windowlicker d’Aphex Twin : son équilibre ne tient qu’à un fil, entre des poussées expérimentales et une mélodie simplette qui fait de la résistance. Du free-jazz aux BO d’Isaac Hayes, Funki Porcini a de la mémoire mais il préfère que ses souvenirs restent vagues. On l’imagine assez bien bricoler sagement ce funk de Géo Trouvetou Theme from Sugar Daddy ou Cheasy rider pour ensuite faire des coupes et des ratures dans son travail d’artisan et laisser tout apparent, juste pour plaisanter. Mais cet album n’est pas seulement une farce : cette fête rythmique et inventive ferme ses portes en fin de disque, marquée par une mélancolie tenace. Sur Tiers of joy, River ou English country music, Funki Porcini enlève son nez rouge d’amuseur pour jouer le rôle du clown triste, un rôle qui ne tient pas forcément de la composition.
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