Pastorale et ambitieuse, une merveille venue des tréfonds de l’Amérique.
The Uglysuit… L’habit ne fait pas le moine et ce nom navrant – “le costume laid”- va fort mal à ce groupe justement paré des atours les plus extravagants et précieux. Quand ils formèrent, à 12 ans, ce groupe à Oklahoma City, Crosby Bray et ses copains ne se doutaient sans doute pas que dix années plus tard, ils atteindraient un tel degré d’élégance et de sophistication. Dix ans passés à réviser sans répit quelques-uns des plus beaux grimoires américains, ceux du Band ou de CSNY de leur parents (ce prénom, “Crosby”, c’est un hommage ?), ceux des Shins ou des Fleet Foxes de leurs grands frères. Avec une minutie mélodique, une richesse de son, une chaleur d’environnement et une profusion d’arrangements rares pour un groupe encore si jeune et puceau de studio, The Uglysuit signe là un grand album aérien et voluptueux, qui rappelle que l’érudition n’est pas ennemie de la candeur et que le clacissisme des formes n’empêche pas la modernité du son et l’autonomie des âmes. Comme leurs concitoyens d’Evangelicals ou Faming Lips, les six garçons sont adeptes de la déraison, mais à l’intérieur de formats qui seraient pourtant pour beaucoup d’autres des carcans, des corsets. Car si des merveilles innocentes comme Chicago ou Brownblue’s Passing naviguent très haut, en vol libre, elles demeurent d’authentiques pop-songs à fredonner béatement sous la pluie, comme chez Elliott Smith ou Sufjan Stevens, deux évidents tuteurs légaux de ce songwriting à sève intrépide. Signe d’un grand album : le temps d’écrire cette chronique, on a envoyé au moins dix e-mails à des amis sûrs pour leur conseiller d’immédiatement se mettre en quête de cette merveille qui soigne du gris et du banal.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}