Un héritier fin et convaincant de Dylan, venu de Suède à cheval, enlumine le monde par son folk à la folle délicatesse : chronique et extraits.
[attachment id=298]Robert Wadlow était l’homme le plus grand de la Création. Avant qu’il ne s’éteigne à 22 ans en 1940, il mesurait 2,72 m et pesait 199 kg. Bien qu’il fût impossible de le regarder dans le blanc des yeux sans réacteur dorsal, sa démarche évoquait plus un chêne attendant que son bourreau hurle “timber!” pour s’écrouler qu’un ogre vorace.
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La musique de Kristian Matsson, belle gueule suédoise qui livre ici son troisième album en tant que Tallest Man On Earth, partage cette ambivalence : elle terrasse par son expressivité mélodique tout en renfermant cette vulnérabilité propre aux grands songwriters.
S’il fallait en repérer un dans les interstices de The Wild Hunt, ce serait Bob Dylan. De la voix de papier froissé de Matsson à sa capacité à vous survolter le système nerveux avec ses tripes et sa guitare comme d’autres déplacent des montagnes avec leur bite et leur couteau, c’en est même à croire que les radios du comté de Scanie ne programment que les albums fondateurs du Zim et que ses écoles de musique enseignent uniquement le fingerpicking.
Nulle déférence maladive, pourtant, dans ces grinçantes chevauchées (King of Spain) et ces ballades vallonnées (Troubles Will Be Gone), juste des sentiments et du talent brut.
Album : The Wild Hunt (Dead Oceans/Differ-ant)
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