Ruche de plus en plus surpeuplée et active, le Wu-Tang Clan continue, sans trop faiblir, de dominer le hip-hop.Salauds d’enfants gâtés. Tous autant que nous sommes. Qui prétendrait aujourd’hui sans mentir être aussi excité qu’il y a deux ou trois ans par une nouvelle livraison du Wu-Tang Clan ? Sorties en pagaille (une quinzaine d’albums […]
Ruche de plus en plus surpeuplée et active, le Wu-Tang Clan continue, sans trop faiblir, de dominer le hip-hop.
Salauds d’enfants gâtés. Tous autant que nous sommes. Qui prétendrait aujourd’hui sans mentir être aussi excité qu’il y a deux ou trois ans par une nouvelle livraison du Wu-Tang Clan ? Sorties en pagaille (une quinzaine d’albums en cinq ans), apparitions à l’extérieur et collaborations tous azimuts : la prolifique tribu de Staten Island a rudement mis à l’épreuve notre fidélité en nous abreuvant au rythme du Yangzi Jiang, nous laissant repus et un brin lassés. Pourtant, on aurait tort de faire la fine bouche face à la dernière vague d’éclosions en provenance de la ruche de Shaolin. La compilation The Swarm Volume 1, qui inaugure le label maison de la famille élargie rebaptisée Killah Bees, présente ses dernières « larves arrivées à maturité » tels Black Night Of The North Star, A.I.G., Remedy et The Beggaz, au coude à coude avec une poignée d’inédits des « abeilles entre deux mondes » (Sunz Of Man ou Killarmy) et des « abeilles tueuses en chef » (Inspectah Deck, Raekwon, etc.). A l’évidence, on ne rigole pas avec la hiérarchie chez le Wu-Tang. Le climat reste globalement suffocant, la tête sous l’eau et le moral à zéro, mais comme toujours la négativité de surface n’empêche pas la moralité et la désespérance poétique de gagner magnifiquement aux poings, à l’instar de la meilleure surprise du disque, un SOS nerveux à l’orgue entêtant, signé Inspectah Deck. Pour le reste, RZA et ses fidèles lieutenants continuent leur formidable travail de production rugueuse, multipliant les embûches à base de samples ingrats et de beats casse-gueule. La soupe à Puffy n’ayant jamais aidé les petits rappers à grandir, les jeunes chrysalides restent soumises ici à une école de rigueur sans égale, gage d’excellence, où il ne peut être question de se laisser porter, et encore moins de se retrancher derrière la musique. Cette dernière donne bien ici et là quelques signes de redondance, les thèmes empestant parfois le recyclage ainsi, les cuivres de Bronx war stories de A.I.G. proviennent du 260 de Ghostface Killah et le poignant cri féminin déjà entendu chez Splish splash de Capadonna est développé ici en gimmick sur le Cobra clutch de Ghostface mais on est encore très loin de l’autoparodie. Le bourreau de travail RZA, dont on se demande s’il arrive à fermer l’oeil plus d’une heure par nuit il avance aussi à peine masqué au micro sous le nom de Bobby Digital , gagnerait sans doute à prendre quelque repos (aucune chance puisque son album solo est programmé pour octobre).
La même équipe est à l’oeuvre derrière Sunz Of Man, emmené par Killah Priest, auteur ce printemps d’un album très personnel dont on retrouve avec un certain plaisir le ton mystico-parano, contrebalancé par le flow varié de ses trois acolytes Hell Razah, 60 Sec et Prodigal Sun. Mais les beats sont ici plus accrocheurs, trempés au meilleur de la soul, quand ils ne réhabilitent pas carrément (Shining star avec Ol’Dirty) l’un des plus grands « super groupes » noirs, longtemps frappé d’ostracisme : Earth Wind & Fire. Et qui se charge de cette greffe lucrative ? Le nouveau roi du lifting de hits jackpot : Wyclef Jean, prêté par les Fugees. Comme s’en plaignait il n’y a pas si longtemps le Wu-Tang sur C.R.E.A.M. : « Cash rules everything around me. »
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