Recouverte de cendres et de sueur, la Californie devient, avec les vauriens de The Soft Pack, l’arrière-salle débraillée d’un rade new-yorkais.
Les apparences sont souvent trompeuses. The Soft Pack en est un exemple édifiant : têtes de gendres idéaux, politesse irréprochable, chemisettes à carreaux et petite laine sur les épaules, les quatre Américains pourraient parfaitement jouer le rôle du premier de la classe un peu coincé dans une prochaine grosse comédie teenage américaine. Derrière leur look de gentils garçons, ces Californiens, originaires de San Diego mais exilés à Los Angeles, brûlent pourtant le rock par les deux bouts – du garage impertinent, vintage sans le vouloir car fait avec les moyens du bord, comme la pochette de leur ep home frappé de vrais impacts de balles calibre 22.
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Arrogant, torpillé de rage et d’impatience, leur premier album ravage en effet leur image lisse et leurs mèches bien peignées en quelques secondes, pour laisser place aux arrangements crades et aux cris insolents de Pull out, aux guitares urgentes et rouillées des bien nommées Extinction et Flammable. Noyés derrière une couche opaque de poussière et de fumée de cigarettes mal éteintes, les brûlots punk des Soft Pack tiennent autant du Clash que de la fureur trépidante de leurs potes des Black Lips, avec lesquels ils ont tourné l’année dernière.
Loin des poseurs en mal de crédibilité, ces rois de la débrouille ressuscitent tour à tour, avec un naturel bluffant, les claviers des Doors (Move along), les riffs acides (More or Less) et la batterie fracassée des tubes de l’époque où la rouflaquette se portait dense (Down on Loving). The Soft Pack sonne comme un concert anarchique dans un pub des sixties plein à craquer de mauvais whisky, de motards suants et de filles lubriques. Une bagarre maladroite de fin de soirée entre deux ivrognes à coups de bouteilles de bière tièdes. La classe.
Album : The Soft Pack (Heavenly Records/ Cooperative/Pias)
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