Solange, Macklemore, Grimes, Joey Bada$$, DJ Premier ou Naughty By Nature réunis à Philadelphie sous le patronage des Roots. On y était.
Philadelphie, les Roots sont chez eux. C’est ici qu’ils ont grandi, avant que leur approche électrifiée des musiques noires, soul et rap en tête, ne les propulse sur les scènes du monde entier. Et c’est ici qu’ils reviennent, chaque année, rendre à Philly un peu de ce qu’elle leur a donné, en organisant un festival/pique-nique dantesque qui réunit la crème américaine du moment. Sur la scène de Penn’s Landing, un dock réaménagé au bord de la Delaware River, l’imposante afro de Questlove, génie à tout faire de cette équipée folle, s’agite sous un soleil de plomb : “You gonna get some ! We got Mackelmore, we got Solange, all of them… Welcome to the Picnic !” C’est ainsi qu’on se retrouve, par 35° C, à siroter des bières par canettes d’un litre, entouré de lascars swaggés jusqu’aux dents dévorant des sacs de chicken wings trempés dans des hectolitres de sauce.
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A droite, à gauche, c’est le feu. Deux scènes, un line-up d’exception, mais pas de parcours : au pays de l’opulence, les bombes pètent en simultané. Hit-Boy joue en même temps que Solange, qui mord sur la prestation de Joey Bada$$, The Gaslamp Killer nous cueille au moment où débute Macklemore, lequel annule notre présence devant le génial A-Trak.
Tout est fou, sous le feu des excentricités jazzy de Robert Glasper, de l’electropop à cheveux verts de Grimes ou du rap dérangé de Macklemore, qui ira marcher sur les têtes au son de Can’t Hold Us plutôt que de se jeter dans la foule. Quelques mots sur l’égalité, un monologue sur les droits homos, et il laisse place à l’hendrixien Gary Clark, Jr., qui livre un des meilleurs sets, un rock vintage cocaïné qui rougeoie dans le soir tombant.
Sur la seconde scène, DJ Premier mixe un vieux Gangstarr sur une electro barrée, les corps tombent, les pompiers débarquent mais rien n’est grave ; il fait juste trop chaud et la bière n’est pas assez chère. Un peu de vomi, des canettes partout et des bébés cachés sous des casquettes surdimensionnées qui tapent dans leurs mains sur des breaks de funk.
Le soleil disparaît lorsque les Roots se pointent. Maîtres de la scène, ils sont impeccables, massifs et puissants, préférant reprendre un Jungle Boogie enflammé plutôt que d’enchaîner leurs tubes, avant que Vin Rock et Treach, aka Naughty By Nature, ne surgissent des 90’s. L’expérience est dingue : backés par les Roots, les deux rappeurs retournent la scène en enchaînant des hits qui n’ont pas pris une ride. Vin Rock rappe cent fois mieux que Black Thought, MC des Roots, qui devient backeur pour l’occasion. Le public disjoncte au fur et à mesure que la tradition rap de Philadelphie envahit la scène, que la nuit se noircit et que le micro change de main. On y repère Rahzel, Freeway et Meek Mill, qui referme le festival sur une version hantée de son Dreams and Nightmares. Où sont les Roots ? Partout.
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