Il y a quelques années, l’Anglais Chris Hooson ? homme seul de Dakota Suite ? enregistrait, pour les funérailles d’un ami, le somptueux Navigators Yard, une messe solennelle et poignante qu’on aurait volontiers rangée dans le bac des plus délicates productions du label ECM. Joyeux drille, Hooson a également intitulé un disque particulièrement abattu The […]
Il y a quelques années, l’Anglais Chris Hooson ? homme seul de Dakota Suite ? enregistrait, pour les funérailles d’un ami, le somptueux Navigators Yard, une messe solennelle et poignante qu’on aurait volontiers rangée dans le bac des plus délicates productions du label ECM. Joyeux drille, Hooson a également intitulé un disque particulièrement abattu The Way I’m Sick (« Ma façon d’être malade« ), un autre, à peine mieux pourtant, Alone with Everybody (« Seul en toute compagnie« ), un troisième effondré Songs for a Barbed Wire Fence (« Chansons pour une clôture en barbelé« ). Tous titres surpassés par cet optimiste The River Only Brings Poison (« La rivière n’apporte que le poison« ) : seul Leonard Cohen partage un humour (?) aussi sépulcral. Sauf que Leo, au quotidien, ne travaille pas dans un centre de désintoxication de la ville la plus sinistre d’Angleterre : Leeds.
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C’est en compagnie d’autres subtils metteurs en scène de la mélancolie et des vastes espaces désertiques ? Tim Mooney et Bruce Kaphan, des regrettés Californiens American Music Club – que Chris Hooson libère aujourd’hui ses papillons noirs. La rivière qui coule au milieu de cette americana placide est peut-être contaminée, mais ses rives sont luxuriantes, accueillantes : violoncelle, harmonium d’église, orgue barbare, mellotron ou cuivres rares dulcifient ainsi le poison amer qui suinte de ces chansons psalmodiées plus que chantées. On connaît ces rives sacrées : on y a déjà croisé Spain, Tom Waits ou Red House Painters, tous venus laper cette eau viciée. Toujours porté sur la gaudriole, Chris Hooson a ici intitulé une chanson Let’s Share Wounds (« Partageons nos plaies« ) : en toute confiance, on tend ses croûtes.
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