“Le premier album studio de Springsteen avec son E Street Band depuis Born in the USA“, dix-huit ans déjà. Argument de vente piégeux ? une promesse un rien vermoulue, mais quand même apte à faire saliver les springsteenophiles les plus fidèles. Mais on sait bien que les heydays sont envolés, que le vin de la […]
« Le premier album studio de Springsteen avec son E Street Band depuis Born in the USA« , dix-huit ans déjà. Argument de vente piégeux ? une promesse un rien vermoulue, mais quand même apte à faire saliver les springsteenophiles les plus fidèles. Mais on sait bien que les heydays sont envolés, que le vin de la jeunesse s’est éventé, que l’esprit du boardwalk s’est dissous dans la spirale du temps qui passe et que l’album des retrouvailles nostalgiques et du bon vieux temps est déjà sorti en 2001 (c’était le Live in New York City). On sait bien aussi que les E-Streeters sont grisonnants, que Lofgren et Miami Steve ont perdu leur tranchant, que les claviers de Bittan sont de plus en plus maniérés et envahissants, que Weinberg est devenu aussi lourd qu’une batterie qui dégringolerait du toit d’un gratte-ciel. On sait tout ça et on espère que The Rising va démentir nos craintes.
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Mais non, ce nouvel album les confirme, bien aidé par la mise en son hard FM de Brendan O Brien. Quelle idée saugrenue que de confisquer les manettes à Landau et Clearmountain pour les confier au producteur de Pearl Jam et Aerosmith ! Malgré les clichés éculés des arrangements et le recentrage radio big rock, on se raccroche à ce qui est généralement essentiel chez Springsteen : les chansons. Mais là aussi, on déchante, surtout après le superbe Tom Joad et American Skin, bijou inédit du Live : les mélodies oscillent entre le correct et le banal, et les textes, la grande affaire springsteenienne, peinent à convaincre, bien que marqués par le trauma post-11 septembre.
C’est que le Boss enfile ici grandes généralités et thèmes abstraits (l’Amour, l’Amitié, la Foi, la Mouise, la Rédemption et toutes ces choses), un terrain plutôt vague pour quelqu’un qui nous avait habitués à la précision descriptive de la meilleure littérature américaine, pour un chanteur qui était doué du sens de l’incarnation, des détails et des noms propres d’un nouvelliste. Bien sûr, les E-Streeters ne sont pas soudainement devenus complètement ineptes. The Rising tient debout, certaines ballades se fredonnent et Springsteen sait toujours chanter. Mais on sent plus ici les recettes et ficelles de vieux briscards qu’une inspiration profonde. De ce point de vue, The Rising est hélas plus proche des Stones que de Neil Young.
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