Lassé de jouer dans l’ombre du meilleur rock américain Beck, Spain, That Dog, Weezer , ce trio libéré enchante. Trop souvent, ces entreprises empestent le réchauffé. Des seconds couteaux en anglais, sidemen, “ceux qui restent sur le côté” se piquent, parce qu’ils en ont gros sur la patate, de prouver qu’ils en […]
Lassé de jouer dans l’ombre du meilleur rock américain Beck, Spain, That Dog, Weezer , ce trio libéré enchante.
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Trop souvent, ces entreprises empestent le réchauffé. Des seconds couteaux en anglais, sidemen, « ceux qui restent sur le côté » se piquent, parce qu’ils en ont gros sur la patate, de prouver qu’ils en ont aussi dans la carafe ou le pantalon et au bout des doigts. Vanités froissées et aigreurs indigestes font de médiocres conseillères : les bacs à soldes sont familiers des calamiteux caprices de bassistes bassinants, d’ânes bâtés batteurs. Exception inespérée : les Rentals, nouvelle aventure de Petra et Rachel Haden, imprévisibles cavaleuses, reines du zigzag tourneboulant. Deux toupies capables de flanquer une sévère dérouillée au punk-rock sur le Pink noise (Rock me Amadeus) de Beck, de se fondre dans la torpeur ténébreuse du World of blue de Spain, d’animer de leurs piailleries polissonnes les amusants sitcoms de That Dog et de s’acoquiner ici avec Matt Sharp, le bassiste de Weezer. En plaquant leurs habituels employés, les sœurs Haden (filles de Charlie et frangines du ténébreux leader de Spain) et Matt Sharp ont barboté leurs plus précieux trésors, l’ébriété féroce et la malice mordante d’In the garage ou Rockstar, vicieuses volées de bois vert infligées au pompiérisme rock. Ne pas se fier à l’allure savamment nigaude des Rentals. Epais lorgnons de laborantins myopes, raideur d’automates : leur ressemblance avec les regrettés cybernautes de Chapeau melon et bottes de cuir, méchants rétro-futuristes coutumiers des retours vengeurs, n’est pas fortuite. Comme eux, les chansons des Rentals sortent de l’antre d’un savant farfelu, surdoué maniaque des greffes hautement improbables. Derrière leurs dégaines de dadais coincés, les Rentals enchaînent les rengaines racoleuses à foison, le crêpage de chignon de synthés Moogs roturiers mugissants et d’aristocratiques violons voltigeants, les ébats de rythmes bubble-gum gaillardement écervelés et de voix de mijaurées d’une aguicheuse gaminerie, d’une mélancolie mutine. Suppliques surannées et sucrées (Sweetness and tenderness), mignon manifeste de sédition juvénile, Beach Boys synthétiques et pathétiques (ceux d’après la fêlure) pleurant d’impossibles amours estivales et refrains à peine entendus qu’aussitôt indélogeables (la parfaite pop pot de colle de Friends of P), The Return of the Rentals repeint de couleurs fondamentales trente ans de bluettes éplorées. C’est bête comme chou et chouette comme tout.
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