Leaders des Sons & Daughters, Adèle et Scott forment un couple. A les voir répondre à nos questions, plutôt timides, d’une gentillesse et d’une douceur apparemment illimitées, on imagine difficilement les drames violents qui se trament dans le lit conjugal ; ou du moins sur leurs disques flamboyants et sexuels. Adèle se définit comme “affreusement […]
Leaders des Sons & Daughters, Adèle et Scott forment un couple. A les voir répondre à nos questions, plutôt timides, d’une gentillesse et d’une douceur apparemment illimitées, on imagine difficilement les drames violents qui se trament dans le lit conjugal ; ou du moins sur leurs disques flamboyants et sexuels. Adèle se définit comme « affreusement sensible« . Scott, son compagnon, poursuit : « Je suis quelqu’un de très réservé, timide. Jouer devant un public ne m a jamais posé aucun problème, mais répondre à des questions, tenir une conversation normale, en revanche, m’est plutôt pénible. Socialement, je suis assez inadapté.«
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pâles et réservés, donc. Ce qui n’empêche pas The Repulsion Box, le premier véritable album des turbulents Ecossais, de s’ouvrir sur ces lignes, cinglantes et définitives : « Frappe-moi, frappe moi, je suis déjà au sol. » C’est donc ça, l’amour, pour eux ? Les liaisons sensuelles, thème central de leurs disques, se résumeraient à une histoire de caresses données et de coups rendus, de lèvres scellées puis de lèvres fendues, d’enfermement et de suffocation ? A moins que cette sourde brutalité ne soit que le moyen d’enflammer le café au lait des matins tièdes.
Sans avoir été tout à fait noir, le quotidien de ces Ecossais n’a pas été, durant leurs premiers mois d’existence, vraiment rose. D’autant plus qu’avant d’être proprement repéré et lancé par le label Domino, leur prêche se faisait, à Glasgow, dans le vide. Le Scottish Arts Council avait bien alloué quelques fonds pour l’enregistrement d’une maquette, mais seul un petit label américain y décèla un potentiel ; le groupe n’a pendant un temps trouvé Love the Cup, premier mini album, qu’en import dans sa propre ville. Encourageant ou décourageant, en tous cas, rageant.
Alors forcément, quand l’intérêt critique et public a montré de vagues signes de frissonnement après ces années de vaches faméliques, en particulier par la grâce de concerts incendiaires, le groupe s’est agrippé à l’espoir qui a décuplé son énergie : plutôt que de s’amollir, il a tout jeté sur son premier véritable album. Ils déversent ainsi, sur The Repulsion Box, autant de tripes qu’ils y mettent de la tête. Enregistré en conditions live, l’album va plus vite et joue plus cru encore que Love the Cup, pourtant déjà impressionnant et épuisant. Plus puissant, il est également plus malin : leur rock a gagné en vélocité, s’est installé à équidistance parfaite de l’Amérique folk et de l’électricité britannique, mêlant les éructations sensuelles des Kills et l’efficacité mélodique des Smiths, se faisant se rencontrer les éclairs électriques de Franz Ferdinand et le noir mat de Johnny Cash.
L’ouverture Medicine, les frappants Hunt ou Dance Me in, l’hymnesque Monsters : le rythme cardiaque s’élève à de dangereuses cimes, ne redescendant à un rythme plus humain que par courtes intermittence, salvatrices. Un sacré marathon, mené au rythme d’un 100 mètres, et avec multiples haies : monté sur genoux caoutchouteux, on danse beaucoup avec les Sons & Daughters. On danse parce qu’on n’a pas le choix : c’est l’unique moyen d’esquiver leurs frappes massives.
{"type":"Banniere-Basse"}