Arab Strap enregistre des disques pornographiques, au sens où Gombrowicz l’entendait. Des disques maussades et glaçants, ivres de sexe, d’alcool, de désespoir et de fureur. Des disques marqués du sigle “parental advisory”. D’où un grave malentendu : tandis qu’on s’échine, un dico d’anglais ouvert sur les genoux, à traduire ces histoires de cul tristes, ce […]
Arab Strap enregistre des disques pornographiques, au sens où Gombrowicz l’entendait. Des disques maussades et glaçants, ivres de sexe, d’alcool, de désespoir et de fureur. Des disques marqués du sigle « parental advisory ». D’où un grave malentendu : tandis qu’on s’échine, un dico d’anglais ouvert sur les genoux, à traduire ces histoires de cul tristes, ce rabâchage maladif de rancœur amoureuse et de misère sexuelle, l’essentiel du message artistique d’Arab Strap passe à la trappe. A savoir, que ce duo d’Ecossais mal dégrossis, chantres du plus sordide des quotidiens, génère une musique insidieuse, obsédante et singulière, incroyablement belle et raffinée. Une musique qui s’insinue plus qu’elle ne s’impose, mais dont la force indéniable frappe au plexus autant qu’à l’esprit. Chacun de leurs morceaux est comme une crue Au départ, rien ou presque. Un arpège de guitare, une mélodie informe, une boîte à rythmes, un trait d’orgue, du silence. Puis, lentement, cette mince digue cède de partout, incapable de contenir son propre flux ; s’engouffre alors une marée de guitares reptiliennes, un flot de cordes et de chœurs au souffle froid, tandis que se dilatent l’espace et le temps et que s’abîment les critères de couplets et de refrains (The Long sea).
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}