Sauvageonnes et délicates, les chansons traîtres d’une bordelaise.
On l’écrivait à l’époque de son ébouriffant single From the Burning Tree to the Monster Mountain (quelqu’un pourrait lui préciser que trouver des titres plus courts est un droit de la femme ?) Amélie est plutôt du genre maverick que poulain. Ou alors un cheval de Troie, qui abuse de sa séduction et de sa grâce pour pénétrer votre intimité – et la repeindre en noir électrique de l’intérieur.
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Chez elle, le folk n’est pas cette musique de grande sœur, recueillie et apaisée, pas le son bucolique de la campagne : éduquées en ville par un strict empêcheur de ronronner en rond (le trop méconnu Kim de Bordeaux), ses chansons ignorent tout de ces dentelles pour sortir hirsutes, en lambeaux, déchiquetées, trash, tracassées et tendues – urbaines donc. Mais là où la fréquentation de l’antifolk new-yorkais peut se révéler une expérience ingrate, incommode – combien de “fuck” et de couacs sur une guitare à une corde l’humain moderne peut-il encaisser ? –, l’écoute d’Amélie ne relève jamais de ce mélange de militantisme et de masochisme.
Comme ses évidentes maîtresses Cat Power et Shannon Wright, elle n’est pas en forme, mais sait mettre les formes. Le noir d’encre ne s’accompagne donc heureusement pas obligatoirement, ici, d’accords mineurs et minés, de larmes et de vacarme. Mais attention à cette douceur, cette candeur : ce sont celles, traîtres et fatales, qui ont déjà fait des albums de Joanna Newsom ou Nina Nastasia de tels pièges, des puits sans fond : de ces rêves éveillés et émerveillés, on ne s’échappe pas.
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