“L’art du graffiti et celui du MC’ing sont similaires. Pour les deux, il est nécessaire d’avoir le sens du relief, de l’équilibre et des proportions”, explique Iriscience. Son partenaire Evidence poursuit : “Dans ces deux disciplines, on retrouve la tonalité, la composition, les jeux de couleurs, les touches de lumière et les ombres.” Les deux […]
« L’art du graffiti et celui du MC’ing sont similaires. Pour les deux, il est nécessaire d’avoir le sens du relief, de l’équilibre et des proportions », explique Iriscience. Son partenaire Evidence poursuit : « Dans ces deux disciplines, on retrouve la tonalité, la composition, les jeux de couleurs, les touches de lumière et les ombres. »
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Les deux MC exemplaires de Dilated Peoples n’ont pas seulement le sens de la métaphore, une de leurs grandes spécialités, mais parlent en connaisseurs : B-boys accomplis et militants exigeants de la culture hip-hop, ils ont d’abord fait tourner leurs têtes sur le linoléum et recouvert les murs de peinture aérosol avant de faire tourner les têtes en empoignant les micros.
C’est en 1998, avec le sismique Work the angles, un single instantanément certifié classique, que la nation rap et les college radios américaines ont commencé à se soucier de ces nouveaux ambassadeurs de la Côte Ouest. Outre leur précision flamboyante, les Dilated Peoples disposaient dès le départ d’une poignée d’atouts non négligeables à même de fonder leur légende.
Leur DJ, déjà. Pas n’importe lequel : Babu, une pointure issue du collectif de tueurs des platines World Famous Beat Junkies. Leurs producteurs ensuite, Evidence lui-même, déjà repéré par les Beastie Boys, mais aussi The Alchemist, jeune prodige en vue, dont DJ Muggs (Cypress Hill) fut longtemps l’instructeur. Leur label enfin, ABB, plaque tournante de la crème du hip-hop indépendant de la région de San Francisco, dont les connaisseurs achètent les yeux fermés depuis trois ans les productions vinyliques.
Inutile de dire qu’avec la remarquable poignée de maxis dont ils nous abreuvèrent régulièrement ces dix-huit derniers mois, leur album était l’un des plus attendus. Le trio de dilatés des neurones ne déçoit pas. Du tapis de samples en Technicolor aux scratches dévastateurs si Babu se lâche sur Service, il sait aussi rester simple avec la maestria efficace d’un DJ Premier , des métaphores poétiques aux phrasés élastiques, The Platform gagne sur toute la ligne. Les invités, triés sur le volet B-Real, Alkaholiks, Everlast, Aceyalone , sont venus parrainer comme autant de bonnes fées cette plate-forme, solide fondation d’un futur édifice bientôt capable de résister à tous les séismes californiens.
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