The Past Presents The Future

Les œuvres de solitaires en chambres fermées sentent régulièrement la vieille chaussette, les rideaux embaumés de vieux shit frelaté, les âcres reliquats de la masturbation piteuse. Mais la piaule de Marc Bianchi, homme tout seul derrière Her Space Holiday, est d’un tout autre genre : pas de murs, que des fenêtres, grandes ouvertes sur un omniprésent et plein soleil. Avec en tête la petite pop électronique de Bianchi, c’est sunshine tous les jours, même en hiver.

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Tout le monde est invité à son pique-nique fantasmatique, où l’on peut faire copain-copain, et s’échanger plein d’idées dans un grand bouillonnement créatif ; les Beatles et Jay-Z, Verdi et le Beta Band batifolant sur une même pelouse céleste. La musique de Bianchi est complexe et dense, arrangée à coups de caresses orchestrales et de machines colorées, de beats ronds et de basses rebondies, peuplée de mélodies douces pour âmes en perdition, belles à faire chialer une mésange.

L’antithèse du corps maigrelet, anguleux, angoissé de Bianchi. Enfance douloureuse et morts en pagaille, ruptures dévastatrices, dépression superglu et drogues en excès : l’acharnement de la poisse a eu le paradoxal effet de transmuter sa musique en Chamallow.

Mais l’Américain a beau se planquer en pleine lumière, il n’en reste pas moins irrémédiablement taché de sombre : on sent, derrière les douceurs mielleuses, poindre les relents d’une inaltérable mélancolie. J’ai trouvé la clé du succès à court terme/Dis-leur que tu es chimiquement dépressif/ 1,2,3, exploitons tous notre malheur , chante-t-il notamment sur Missed Medicine. Pour notre bonheur à tous, souhaitons-lui encore quelques années de malheur.