Les New-Yorkais de The Pains Of Being Pure At Heart ressuscitent avec tendresse et candeur l’esprit pop et souillon de la noisy-pop. Critique et écoute.
C ’est une musique assourdissante, mais qui résonne doucement aux oreilles des plus anciens, une musique faite de larsens, de distorsions et de voix impatientes, une musique qui a bercé dans les décibels les malaises, les doutes et les colères d’une génération, une musique qui refleurit enfin pour de nouvelles oreilles. Oui, vingt ans après Loveless de My Bloody Valentine, Nowhere de Ride, Green Mind de Dinosaur Jr. ou Bandwagonesque de Teenage Fanclub, le bruit est de retour, porté par les fulgurants Joy Formidable, Yuck, Ringo Deathstarr ou The Pains Of Being Pure At Heart.
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Par leur candeur, leur passion, leur capacité à fondre un passé qu’ils connaissent par coeur dans des refrains universels, les New-Yorkais ont été décisifs dans cette résurrection. Pour leur deuxième album, ils ont choisi de s’entourer de deux des principaux architectes du son d’hier, Flood et Alan Moulder. Le premier sait faire rutiler les grosses machines, Depeche Mode ou U2. Le second a été au chevet de tous les sons depuis vingt ans, de Ride à Arctic Monkeys.
“Ils ont été impliqués dans plein de disques qui ont compté pour nous, My Bloody Valentine, The Jesus & Mary Chain, The Sundays… Quand on était gamins, on les voyait comme de véritables icônes”, confie Kip Berman, le chanteur.
Mais ce choix n’est pas que l’accomplissement d’un rêve de geeks, il répond aussi à une ambition sonore coeurs tendres Les New-Yorkais de The Pains Of Being Pure At Heart ressuscitent avec tendresse et candeur l’esprit pop et souillon de la noisy-pop. délibérée et assumée.
“Nous sommes très fans de groupes anglais ou écossais, mais ce sont des groupes américains comme Nirvana, les Smashing Pumpkins ou les Pixies qui nous ont aidés à comprendre la musique alternative. Ils avaient ce son immédiat et viscéral, presque cartoonesque, très calme puis tout à coup très lourd. C’est ce son qu’on voulait, ce son d’album de rock de banlieue américaine, parce que c’est ce que nous sommes”, poursuit Kip.
Fort heureusement, Flood et Alan Moulder ont eu le tact de ne prescrire pour cela que quelques vitamines (une basse plus présente, une vraie batterie, des breaks un peu plus appuyés) et non une cure de stéroïdes qui aurait transformé The Pains Of Being Pure At Heart en Killers. Nettement perceptible, cette évolution risque cependant de chagriner quelques fans de la première heure, attachés au son sec et tranchant des débuts. Plus que personne, les New-Yorkais ont pourtant conscience de ce que peut représenter ce genre de “trahison”.
Au moment de concevoir son second album, le groupe a donc dû choisir entre la forme et le fond, entre la facilité d’une copie carbone et la fidélité à soi-même. Et c’est la sincérité, valeur cardinale du groupe, qui l’a emporté. “J’ai le sentiment que Belong s’inscrit dans la continuité de notre premier album : on cherche à faire des morceaux noisy-pop qui puissent être réellement touchants. Pour nous, la meilleure pop est celle qui communique de façon très simple, sans qu’il soit nécessaire de lire les paroles huit fois. Ça peut donner l’impression qu’on manque d’ambition, mais qu’y a-t-il de plus ambitieux que d’écrire une bonne pop-song ?”, résume Kip.
Comme son prédécesseur, Belong regorge donc de tubes miniatures (Belong, The Body, My Terrible Friend…), aveuglants d’honnêteté et sur lesquels plane l’influence omniprésente de New Order. Lui manque peut-être un peu l’effet de surprise. Mais à cela, malgré tout leur charme, même les coeurs purs n’y peuvent rien : on n’a le coup de foudre qu’une fois.
Propos recueillis par Ondine Benetier
En concert le 16 juin à Paris (Flèche d’Or)
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